Popularisé par les familles marocaines et algériennes venues travailler en France, le couscous est devenu l’un des plats préférés des Français. Fatéma Hal, patronne du Mansouria à Paris et anthropologue, milite pour qu’il trouve sa place dans notre panthéon gastronomique. Qu’il soit enfin étudié dans les écoles hôtelières.
Au Mansouria, rue Faidherbe à Paris, on se tient bien à table. Le client qui osera dire « Fais-moi du couscous chérie » à Fatéma Hal n’est pas né. Ou ravalera vite sa blague avariée. Cette patronne offre la meilleure cuisine marocaine de Paris, ce n’est pas la question. Mais elle est surtout anthropologue et se méfie comme de la peste d’un amalgame « arabe-couscous », même innocent.
« Non, je ne poserai pas pour la photo en portant un plateau de salades. Je ne sers pas en salle.
C’est plutôt colonialiste comme demande »,
assène-t-elle à notre confrère, qui cherchait « seulement de belles couleurs… » Message reçu.
Fière d’être née à Oujda, au Maroc, en 1952, Fatéma Hal revendique sa part française depuis 1970. La petite immigrée a compris très tôt l’intérêt d’une solide formation. Elle entame un cycle universitaire d’ethnologie à l’École pratique des hautes études en sciences sociales, et un autre en littérature arabe. Mère de trois enfants, rapidement divorcée, elle trouve le temps de militer dans les banlieues.
Yvette Roudy repère sa fougue en 1983 et la nomme conseillère au ministère des Droits de la femme. (…)