De la difficulté d’écrire un livre d’histoire qui ne soit pas l’otage d’une des communautés du pays.
Masqué par les tensions quotidiennes que la crise syrienne provoque au Liban, un désaccord fondamental sur la nature des années de guerre qui ont ensanglanté le pays, agite la société libanaise depuis plusieurs mois.
Au centre du débat se trouvent les efforts pour adopter un manuel scolaire d’histoire unique.
La dernière tentative pour faire en sorte que les écoles utilisent un même livre présentant de la même façon pour tous les élèves les faits que les Libanais ont vécu depuis 35 ans, vient d’échouer après une longue polémique marquée par des affrontements dans la rue.
A l’origine de cette tentative d’unification des programmes, il y a l’accord d’entente nationale signé à Taëf d’octobre 1989 qui a défini un nouveau compromis sur lequel doivent désormais reposer les règles de la vie nationale libanaise après des années de guerre.
Il prévoit notamment une révision des programmes scolaires «afin de renforcer le sentiment d’intégration et d’appartenance nationales».
A cet effet, «les programmes d’histoire et d’éducation civique seront unifiés», indique le texte de l’accord. C’est cette unification des manuels scolaires qui divise le pays,
illustrant combien il est difficile dans un Etat reposant sur la coexistence de dix-huit communautés, souvent rivales, d’adopter un récit national unique.
C’est pourquoi, vingt ans après Taëf, les écoles utilisent toujours des manuels scolaires différents et ignorent la guerre 1975-1990. (…)
Slate