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Les nuits lilloises sont-elles toujours aussi festives ou l’alcoolisation et la violence gratuite viennent-elles gâcher la fête ? Début de réponse lors d’une nuit passée avec les fêtards.
(…) Derrière le comptoir du tabac, la vendeuse débite les clients avec un air blasé. Elle jette un regard inquiétant sur ce qu’est devenu ce haut lieu de la fête à Lille. « Maintenant ça craint. Avec l’alcool, ça part vite en vrille. Il y a aussi beaucoup de vols et du racket. » Vingt-trois heures, l’ambiance est pourtant calme dans les rues. En revanche, les bars sont pleins à craquer.
(…) Christophe est en plein coup-de-feu. Dix ans qu’il officie dans un pub aux abords du théâtre Solférino. Même constat implacable : la fête tourne au vinaigre. « Depuis dix ans, ça s’est dégradé, reconnaît le barman. Il y a pas mal de violence gratuite. C’est surtout lors des grosses fêtes comme la braderie ou la Fête de la musique que c’est chaud. » Parfois, la violence arrive aussi sans prévenir. « Il y a quelques semaines j’ai pris une bouteille sur la tête pour une addition à 14,60 €, raconte Christophe. Quatre jeunes au style d’étudiants de la Catho sont partis sans payer, je les ai rattrapés. » Résultat : deux points de suture. L’alcoolisation à grande vitesse des jeunes a aussi changé la donne. (…)
Deux heures du matin, direction les bars dansants ouverts jusqu’au petit jour. Dans la rue, pas franchement de sentiment d’insécurité mais l’atmosphère est bien plus débridée. Des voitures font crisser les pneus. L’alcool a commencé son oeuvre.
Sur les trottoirs, des groupes de jeunes se tâtent sur l’endroit où poursuivre la nuit tout en terminant des bouteilles en plastique dont on doute qu’elles contiennent de la grenadine. Trois jeunes filles, cigarettes au bec, tanguent sur leurs talons. Pas facile d’avoir l’air d’une princesse avec un litre de bière dans le gosier. À l’intérieur des boîtes, c’est la grosse affluence. « Il ne faut pas exagérer, ce quartier ce n’est quand même pas le Bronx, nuance Damien. Mais il faut faire attention en rentrant. Beaucoup de jeunes n’en ont pas conscience. Moi je ne laisserai pas une copine seule en pleine nuit. »
Ludovic a une autre opinion. « C’est exceptionnel que je sorte ici, raconte-il. Il y a deux ans, je faisais la queue à un distributeur. Un groupe m’a doublé. Je leur ai fait remarquer poliment, j’ai pris un coup de boule. » Le souvenir de sa fracture du nez est encore vivace. « J’évite le quartier, ça ne m’intéresse pas de sortir pour prendre des coups. » Cinq heures trente. Le jour se lève. La lumière de l’aurore est sans pitié avec le visage des fêtards. « C’est moi qui conduis ! », hurle un jeune homme, pourtant bien éméché, sur le parking des Halles. Un peu plus loin, un autre réclame une cigarette et veut danser. Non merci. Cette technique de vol à la tire est archi connue. De toute façon, il n’est plus l’heure de danser. Nous rentrons à pied. Sans problème.
Nord Eclair

(Merci à -SACRIPANT-)

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