Minés par l’immobilier, les établissements financiers ont besoin d’une recapitalisation urgente.
Il y a désormais deux grands malades en Europe : la Grèce, dont la sortie de la zone euro n’est désormais plus exclue ; et l’Espagne, souffrante de ses banques minées par les années de bulle immobilière et bien incapables de se refinancer. Dimanche, à l’occasion du sommet de l’Otan à Chicago, le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a dû plaider la cause de son pays face à son homologue allemande, Angela Merkel.
Quel est le degré de gravité de la crise espagnole ?
L’énorme endettement des communautés autonomes (les régions) a fait réviser à la hausse le déficit public (8,9% du PIB au lieu de 8,5%), ce qui rend l’objectif des 5,3% d’ici à fin 2012 encore plus illusoire. Deux régions, les Asturies et Valence, sont techniquement en cessation de paiement. Mais, ce qui inquiète plus que tout, c’est l’état réel des comptes des banques : ils seraient «infestés» par les effets de la spirale immobilière qui a soutenu la croissance espagnole pendant quinze ans, et dont la bulle a explosé en 2008. Fin 2011, on estime que, sur les 304 milliards d’euros de crédits bancaires, 184 sont «toxiques».
Peut-on soigner les banques ?
Rien n’est moins sûr. Depuis le retour de la droite au pouvoir, en décembre 2011, c’est l’obsession du ministre de l’Economie, Luis De Guindos, un ancien de Lehman Brothers : il sait que là est le principal talon d’Achille du pays. Depuis 2008, la restructuration du secteur (avec quelques «cadavres» à la clé) et la fusion des Caisses d’épargne (dont le nombre est passé de 45 à 9) se sont avérées des antidotes trop faibles ; aujourd’hui, l’assainissement des comptes bancaires (contaminés par le legs d’un BTP en plein effondrement) est la condition sine qua non pour calmer les investisseurs et Bruxelles.
Après la Grèce, une aide d’urgence à l’Espagne est-elle envisageable ?
Une aide d’urgence au pays est la hantise de Madrid, persuadé qu’elle entraînerait la fuite massive des investisseurs et l’explosion des taux d’intérêt de sa dette publique.