La gauche dénonce une dérive droitière de l’UMP aixoise et en fait un argument de campagne. Qu’en est-il vraiment ? La question se pose aujourd’hui alors que les postures de Maryse Joissains, député-maire UMP et candidate à sa propre succession dans la 14e circonscription, sont présentées comme telle. Cherche-t-elle à rassembler le plus largement possible à l’image d’une campagne très droitière menée par Nicolas Sarkozy entre les deux tours de la présidentielle, ou a-t-elle dépassé la ligne jaune qui marque la frontière républicaine ? Retour sur quelques faits qui agitent le débat du moment.
“On ne peut pas dire qu’il y ait eu des actes affichés, estime Lucien-Alexandre Castronovo, longtemps élu PRG à la Ville d’Aix. Mais plutôt des gages qui ont été donnés, il y a comme des connivences souterraines.” En 2001, la campagne de Maryse Joissains tourne largement autour des thèmes sécuritaires. Elle s’était engagée, par exemple, à installer un système pour que chaque Aixois puisse appeler en appuyant sur un simple bouton la police ou le Samu. “Et entre les deux tours, à la municipale de 2001, Dominique Gajas a battu le rappel des troupes,” se souvient un proche de Maryse Joissains à l’époque. Dominique Gajas ? L’ancien directeur général de la Semeva dans les années 70 et 80 avait mené en 1983 une liste aux municipales, “Aix d’abord”, estampillée “divers droite”. Mais “c’était clairement une liste frontiste” assure Alexandre Castronovo, qui avait réuni 5,83 % des suffrages. (…)
Que Maryse Joissains ait fait, en 2010, Jean-Pax Meffret, chanteur nationaliste et défenseur de l’Algérie française, “citoyen d’honneur de la ville d’Aix” qu’elle ait déclaré quelques années plus tôt à l’Express qu’elle n’avait rien contre le fait de baptiser une “rue Bastien-Thiry” sont interprétés comme autant de signaux envoyés vers l’extrême droite. En octobre 2011, le discours de Maryse Joissains lors de la commémoration de la Journée du souvenir devant le Mémorial français d’Algérie et des Rapatriés et d’Outre-mer, au cimetière St-Pierre, avait conduit le groupe d’opposition (PS-MoDem) à dénoncer ses propos auprès du Premier ministre Fillon, du secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé et du président de l’Assemblée Bernard Accoyer. Tout récemment, la député-maire UMP lâchait, sans entrave : “Je ne veux plus un seul Rom sur ma commune” cristallisant un peu plus le sentiment d’une dérive droitière.
“Êtes-vous prêts à subir le vote des immigrés, l’immigration massive, la régularisation des sans-papiers, la perte de notre modèle social et surtout, le piétinement de nos valeurs républicaines ?” écrivait Maryse Joissains à l’attention “des électeurs du Front national” dans un tract entre les deux tours de la présidentielle. Et évoquant comme valeurs communes “l’hymne national, le drapeau, l’identité française, la patrie du droit et des devoirs de l’Homme…” Si le tract s’adressait aussi aux électeurs de la “gauche, de l’extrême gauche et du MoDem” les déclarations qui ont suivi de Maryse Joissains n’ont fait que conforter ses détracteurs. “Les valeurs de Marine Le Pen, je les ai toujours défendues” déclarait-elle à La Provence, se disant généralement en opposition avec le FN sur la sortie de l’Euro et de l’Europe. Une déclaration à laquelle avait répondu en écho Marine Le Pen, interrogée à la télévision, estimant “Maryse Joissains sincère“. Et quand la député-maire UMP réfute tout accord avec le FN, que son représentant départemental Laurent Comas juge ses postures droitières “Tartuffe”, le conseiller régional FN Bernard Marandat assure pourtant que “des discussions existent avec l’UMP à Aix.”
La Provence