La 17e chambre correctionnelle de Paris se penchait hier sur la plainte pour diffamation déposée par l’ancien président du Cran à l’encontre du polémiste. (…)
Pour lui faire la réplique, Me Pardo s’essaie à faire du Zemmour. Certes, Lozès n’a pas dit «Obama est notre président» (on n’en a pas retrouvé la trace), mais il aurait pu : «C’est dans la droite ligne des idées qu’il défend.» Surtout, il asticote le plaignant et veut montrer que c’est lui qui est obsédé par la «race» (noire), pas son client :
«Dans Cran, il y a bien “associations noires”?» ; «Votre objectif, c’est bien de “promouvoir la solidarité au sein des populations noires” ?» ; «Sur votre affiche de campagne, vous avez bien écrit : “En 2012, ne votez pas blanc” ?»…
«Le communautarisme que vous défendez est légitime. Assumez-le !» lance Me Pardo.
«Escroquerie». Mais Patrick Lozès n’assume pas du tout. Ce qui guide son engagement est bien plus élevé que «le bon sens de bistrot» de Zemmour – dénoncé par l’avocat de Lozès, Francis Terquem -, qui proclame qu’«il y a deux races : la noire et la blanche». Citant Sartre, Lozès estime qu’est noir «celui que les autres considèrent comme noir». Et d’ajouter : «Quand je vous parle, Me Pardo, je ne suis pas noir. Ni quand je dors. Je suis noir dans mes rapports avec l’administration ou la police, parce que c’est là que se situent les discriminations !» Quant à savoir si Zemmour, issu d’une famille juive algérienne, est bien «blanc», Me Terquem en doute. Avec ironie, il fait remarquer qu’à la fin du XIXe siècle, du temps où les juifs d’Algérie s’étaient vu attribuer la nationalité française, le consistoire français, contrôlé par les ashkénazes, s’était demandé si la «race séfarade» était bien «intégrable». Dernier argument, le «Obama est notre président» – même faux – n’a rien de communautariste, puisqu’un député écologiste comme François de Rugy a bien tenu ce propos. «
Et lui, il est blanc», poursuit imprudemment Me Terquem. «Non, il est vert !» le tacle Olivier Pardo.
A ce niveau de n’importe quoi, on se demande pourquoi ces débats concernent le tribunal. Le parquet aussi, d’ailleurs. «La rhétorique de M. Zemmour est malicieuse, et sûrement déloyale, lance le procureur Alexandre Aubert. On peut même retenir le terme d’escroquerie intellectuelle.
Mais cela ne tombe pas sous le coup de la loi.» Réponse, avec le jugement, le 3 juillet.