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Comment enrayer la contagion ? Comment faire en sorte qu’une “Grexit”, la sortie de la Grèce de la zone euro, ne déclenche pas une “Spanic”, une panique en Espagne ? Comment rétablir la confiance des marchés vis-à-vis des États, des Bourses vis-à-vis des entreprises, des Grecs ou des Espagnols vis-à-vis de leurs banques ? José Manuel Barroso a proposé une thérapie de choc pour éviter la désintégration qui menace : l’union bancaire européenne.

La BCE peut-elle combler le vide dû au manque d’action des gouvernements nationaux sur la croissance ? La réponse est non,” lançait jeudi, en guise de mise au point, Mario Draghi au Parlement européen. Le président de la BCE invite les capitales à élaborer des plans détaillés en vue d’une coopération monétaire et budgétaire, ce qui implique, selon lui, que les États renoncent à une partie de leur souveraineté. “À quoi ressemblera l’euro dans quelques années ? Quelle est votre vision de l’Union dans quelques années ? Plus tôt cela sera précisé, mieux c’est.

Lentement, et sous la pression des événements qu’ils ont tant de mal à contrôler, les dirigeants européens préparent un choc intégrationniste. Une thérapie forte, pour bloquer le virus contagieux de la désintégration.

Le président de la Commission, lui, en est déjà convaincu : “Nous devons avancer vers une union économique totale pour compléter l’union monétaire. La Commission européenne défendra une approche ambitieuse passant, entre autres, par la construction d’une union bancaire avec une supervision financière intégrée et une garantie européenne sur les dépôts,” déclare José Manuel Barroso.

Surprise

L’union bancaire est un concept récemment mis sur la table par l’Italien Mario Monti et repris au vol par José Manuel Barroso, qui l’a exposé mercredi à l’ensemble des commissaires. Elle intègre certaines idées sur lesquelles travaille Michel Barnier, chargé du marché intérieur. Mercredi prochain, le commissaire français présentera sa proposition pour “prévenir et gérer les crises afin que les banques payent pour les banques quand elles sont en difficulté, et non le contribuable.” Une idée serait de créer un “pot commun” à toutes les banques européennes, alimentées par leurs propres capitaux.

Mais tel un Monsieur Plus, Barroso a pris une partie de son assistance par surprise, explique-t-on de bonne source : “C’est un chantier ouvert, le travail ne fait que commencer.” Et d’insister sur la nécessité d’ajouter un volet “bancaire” à l’intégration économique : “La crise a commencé il y a plus de trois ans quand le secteur financier a failli s’écrouler. On voit avec l’Espagne qu’il n’est pas encore stabilisé.” José Manuel Barroso promet de faire des propositions au sommet du 28 et 29 juin. Les États, plutôt sceptiques dans le passé, les accepteront elles ? “Les temps changent vite, et ce qui était impossible hier devient envisageable avec les risques de dégradation,” pense-t-on dans l’entourage du président de la Commission.

Pas de tabous

Car, une fois encore, l’heure est grave. “Il faut prendre des mesures sous peine de risquer la désintégration, qui mènerait à la dépression”, avertit Olli Rehn, commissaire en charge de l’euro. La Commission et la BCE ont reçu jeudi un soutien de poids en la personne d’Angela Merkel. La chancelière, qui a voulu le Traité de discipline budgétaire, objet d’un référendum en Irlande jeudi, affirme qu’il constitue “le premier pas sur le chemin de l’intégration, qui devrait être suivi par d’autres.” Angela Merkel ouvre même la voie à des changements dans le traité de l’UE. “Nous n’en sommes pas là, mais il ne faut pas qu’il y ait de tabous.”

Le Point
(Merci à Neustrasia)

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