Le vote pour Marine Le Pen divise la gauche, tant sur les questions qu’il pose que sur les réponses à apporter. Depuis le premier tour, le PS a entamé des manœuvres plus ou moins habiles pour récupérer ce qui peut l’être des «bonnes» voix du FN.
On doit assumer l’immigration, dire que l’identité nationale est aujourd’hui métissée, que l’islam est la deuxième religion du pays. Il faut en parler, ces questions sont atrocement clivantes, mais la gauche est majoritaire. (Olivier Ferrand)
En bons lecteurs de Marx, les stratèges du Front de Gauche restent attachés à une vision classiste d’opposition entre riches et pauvres qui ne saurait accorder de crédit aux questions identitaires. «Il n’y a pas de problème avec l’islam, il n’y a pas de problème avec les immigrés», répète Alexis Corbière, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon. […]
Alain Mergier, co-auteurs avec Philippe Guibert du Descenseur social, enquête sur les milieux populaires insiste aussi sur les différentes facettes de l’expérience sociale des milieux populaires, qui se décline sur trois terrains d’insécurité: physique, économique et sociale, culturelle et identitaire dans le cadre d’une société multiculturelle. Pour Philippe Guibert, «c’est un phénomène dont on a du mal à parler, qui concerne la différence de modes de vie entre populations françaises issues de l’immigration, et populations plus anciennes. Quand on dit ça, on passe pour un xénophobe. Mais le séparatisme entre périurbain et banlieue —auquel se réfère le géographe Christophe Guilluy— existe bien». […]
Pour Olivier Ferrand, fondateur et président du laboratoire d’idées Terra Nova et candidat PS sur la circonscription de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) «Il y a —sur la question identitaire— une demande incontestable. Mais pour moi y répondre, c’est s’engager sur les traces du FN. Si on dit “Oui il y a un problème avec l’islam et la République”, on répond avec des valeurs de droite.» […]
Slate