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Le doublement du plafond du placement préféré des Français est sur les rails, au grand dam des banquiers. À tort ou à raison ?

François Hollande tiendra sa promesse de campagne de doubler le plafond du livret A de 15 300 euros à 30 600 euros. Cécile Duflot l’a réaffirmé jeudi. La ministre du Logement compte sur cette mesure très populaire pour récolter des fonds supplémentaires afin de construire 150 000 logements sociaux par an, contre 120 000 en 2011 (selon les chiffres du précédent gouvernement) et combattre ainsi la pénurie de logements sociaux sans pour autant creuser le déficit public.

Une mesure favorable… aux riches

Habilement, les banques avancent un autre argument : ce sont les ménages les plus aisés qui vont profiter de la promesse de campagne du candidat socialiste. Seuls 9 % des livrets A dépassaient le plafond de 15 300 euros en décembre 2010, selon le dernier rapport sur l’épargne réglementée de la Banque de France publié en juin 2011. À eux seuls, ils représentent près de 40 % des sommes sur livret A… L’encours moyen n’est que de… 1 500 euros. Ce sont donc uniquement ceux qui dépassent déjà le plafond qui pourront accroître leurs épargne défiscalisée.

Reste la question essentielle. L’élargissement du livret A va-t-il vraiment aider à augmenter le nombre de logements sociaux construits chaque année ? “C’est un pur objet de communication“, lâche un grand banquier parisien. D’abord parce que la Caisse des dépôts dégage déjà “un excédent structurel non employé“. Fin 2011, le total des fonds centralisés du livret A, celui du livret de développement durable (LDD) et celui du livret d’épargne populaire (LEP) s’élevaient effectivement à 222,5 milliards d’euros, pour seulement 133,1 milliards d’encours de prêts, selon les chiffres de la Caisse des dépôts.

L’enjeu de l’orientation de l’épargne

Au-delà du logement social, le relèvement du plafond du livret A devrait aussi soutenir d’autres priorités du gouvernement Hollande, comme la nouvelle Banque publique d’investissement spécialisée dans le financement des PME ou le soutien aux collectivités locales, frappées de plein fouet par les déboires de Dexia. En 2011, celles-ci ont déjà bénéficié de 5 milliards d’euros provenant du fonds d’épargne de la CDC. “Elles sont des projets tout prêts mais elles n’arrivent pas à obtenir de financement de la part des banques“, assure Thierry Repentin.

À défaut d’avoir des leviers budgétaires, on utilise l’épargne des Français. C’est pourquoi François Hollande veut doubler le plafond du livret A, créer un livret industrie et une banque de l’industrie“, analysait en mars le secrétaire général du Cercle des épargnants, Philippe Crevel, pour Le Point.fr. Quant à savoir si c’est une voie efficace, la question reste posée. “Quand l’État a voulu devenir banquier, ça n’a pas toujours été le succès escompté. Qu’on se rappelle l’exemple du Crédit lyonnais ou du Crédit foncier“, prévient Philippe Crevel.

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