Pour le journaliste Philippe Tesson, il est incompréhensible qu’une fraction de Français idéologiquement hostiles à la gauche, les uns franchement orientés à droite, les autres de sensibilité centriste, aient pu porter François Hollande au pouvoir. Et il s’inquiète de la montée du Front national.
C’est ce comportement suicidaire qui vient d’amener la gauche au pouvoir dans un pays majoritairement à droite.
Ces quelques centaines de milliers de voix transfuges qui sont à l’origine de cette ahurissante duperie obéissaient, si l’on comprend bien, à des causes culturelles et morales. Culturelles : les manières d’être de Sarkozy, ses façons de faire. N’y revenons pas : ce procès byzantin est étranger à la raison, il est à mettre au rang des délits de sale gueule. On ne supprime pas un homme parce qu’il ne vous plaît pas, la politique n’est pas affaire de sentiment. Morales : le risque de collision entre la droite et l’extrême droite, dont les valeurs divergent. C’est déjà plus sérieux, c’est un réel problème. Mais la meilleure façon de conjurer ce risque était-elle donc de jouer le jeu de la gauche, en provoquant par là même la crise à droite, cadeau inespéré à l’extrême droite ? C’est ce qui s’est produit. […]
Non seulement les dissidents du centre et de la droite qui ont voté Hollande ont assuré sa victoire, aux dépens de leurs propres intérêts idéologiques et politiques, mais ils ont renforcé Marine Le Pen, aux dépens de ces mêmes intérêts, faisant de celle-ci la maîtresse d’un jeu diabolique en lui offrant le piège dans lequel elle espère enfermer la droite lors des prochaines législatives. […]
L’apostrophe de Jean-François Kahn dans son dernier libelle, La catastrophe du 6 mai 2012, ne manque pas de saveur. Il s’interroge avec une candeur affligée : «Dans la nuit du 6 mai, on a fêté quoi exactement ? Demain, Marine Le Pen ?» […]
Le Point