Ce samedi 1er juin, Bernard-Henri Lévy était venu présenter sur le plateau de l’émission “On n’est pas couché” son film “Le Serment de Tobrouk”. Les deux chroniqueuses de l’émission, Audrey Pulvar et Natacha Polony, ont mis en cause son rôle dans la chute de Kadhafi et ce qu’est devenue la Libye depuis. Un affrontement qui vient de loin. Décryptage.
Audrey Pulvar et Natacha Polony sont-elles des nostalgiques de la Libye de Kadhafi uniquement parce que Bernard-Henri Lévy a participé à la chute du dictateur ? Voilà la question que ne pouvait que se poser, de bonne foi, le téléspectateur égaré sur France 2 ce samedi soir.
L’émission “On n’est pas couché”, sur France 2, accueillait en effet Bernard-Henri Lévy, venu présenter là son dernier film, “Le Serment de Tobrouk”. En fait de critiques cinéphiliques, le philosophe a subi sur le plateau de Laurent Ruquier une série de bombardements intensifs de sarcasmes, moqueries, boutades et autres piques, qu’il a su désarmer tant bien que mal. (…)
À travers lui, il s’agissait d’atteindre l’ennemi commun aux deux journalistes engagées : la social-démocratie.
Peu d’observateurs de la vie publique l’ont noté,
mais entre la droite souverainiste et réactionnaire incarnée par Natacha Polony et la gauche nationaliste et identitaire incarnée par Audrey Pulvar,
la frontière est souvent abolie sur l’essentiel dès qu’il faut penser étroit, surtout lorsqu’il faut s’en prendre à l’ennemi commun : le social-démocrate et le socialiste, l’universaliste et l’internationaliste, quelle qu’en soit l’incarnation du moment.
Politique ou intellectuel, gare à celui, héritier proche ou lointain de Léon Blum et/ou de Lucien Herr, qui passe à portée de micro sur le plateau de l’émission de Laurent Ruquier.
Dès qu’il s’agit de s’en prendre à l’ennemi social-démocrate, les deux figures symboliques de l’émission de France 2, toutes deux réactionnaires, de gauche comme de droite, toutes deux identitaires et conservatrices sur tous les plans, politique, économique et moral, toutes deux donc, se déchainent à l’envi.
C’est en ce sens que l’émission “On n’est pas couché” est toujours passionnante à regarder dans sa partie politique : parce qu’elle est un continuum des passions françaises en la matière. Et de ce point de vue, la charge commune menée par Audrey Pulvar et Natacha Polony contre Bernard-Henri Lévy est un modèle du genre. “Haro sur l’intellectuel universaliste social-démocrate !” tel était le mot d’ordre. (…)
Le nouvel Observateur
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