Bloc-note d’Ivan Rioufol, le Figaro 11 juin 2012 :
Le vainqueur du premier tour des législatives est le parti des abstentionnistes. Il regroupe 42,77% des électeurs, taux record sous la V e République.
Ce qu’il faut donc analyser, c’est la crise de représentation nationale, qui persiste et s’aggrave.
Elle va conduire un pays sociologiquement à droite à se faire gouverner par une gauche politiquement minoritaire.
Si le Front de Gauche, avec 6,91% des voix peut espérer avoir néanmoins une douzaine de députés, le Front National, qui additionne le double des voix (13,6%), pourra s’estimer heureux s’il fait entrer trois élus à l’Assemblée.
Ces déséquilibres et ces injustices sont des éléments qui ne peuvent que consolider la frustration chez des électeurs assignés au silence, à la transparence, à la non-existence. La France plonge dans une situation malsaine, avec un parti socialiste omniprésent à tous les échelons de la vie politique, médiatique, syndicale. Cette position dominante, rendue notamment possible par l’alliance du PS avec une extrême gauche ayant un faible pour les violences verbales, les idéologies totalitaires et les tables rases, peut être vue comme une régression démocratique […]
Ce qui est en train se de mettre en place, ici et là, c’est la revanche des citoyens contre des élites déconnectées de leurs préoccupations. Dans ce contexte, l’UMP serait bien inspirée, par exemple, de laisser ses électeurs trancher eux-mêmes des situations de duel entre le PS et le FN. Qu’en pensez-vous ?
Le Figaro