Pour Éric Verhaeghe, ancien Président de l’APEC (l’Association pour l’emploi des cadres) et diplômé de l’ENA (promotion Copernic), le mode de scrutin des législatives empêche toute représentativité des «catégories populaires» qui sont plutôt à droite.
Jusqu’à quand nos institutions s’offriront-elles le dangereux luxe de ne pas refléter l’expression du pays ?
Le 23 avril, François Hollande avait recueilli 34% des suffrages parmi les diplômés de l’enseignement supérieur, et seulement 21% parmi les personnes sans diplôme. Inversement, Marine Le Pen avait recueilli plus de 50% des voix parmi les sans diplôme, et 8% parmi les diplômés de l’enseignement supérieur.
Le paysage était plus que jamais posé : la France d’en-bas est de droite, voire d’extrême-droite. La France des beaux quartiers est de gauche. L’un des enseignements majeurs des législatives est de confirmer jusqu’au symbole cette fracture sociologique dans l’électorat. Le résultat d’Hénin-Beaumont en est la preuve ! […]
Les ouvriers français, menacés par la concurrence internationale, par le libre-échange, confrontés localement à la concurrence d’une main-d’œuvre immigrée moins exigeante dès qu’il s’agit de salaires ou de droits sociaux, se sentent menacés. Le phénomène est préoccupant. Jusqu’ici la République leur avait donné le sentiment d’être une chance, d’être leur planche de salut. Aujourd’hui, elle est devenue l’espace d’une élite qui les méprise et ne parle plus le même langage qu’eux. […]
Le collectif budgétaire et la loi de Finances 2013 vont soit l’obliger à opérer des arbitrages impopulaires qui risquent de décevoir un électorat encore bercé d’illusions, soit le contraindre à endosser une effrayante dégradation des comptes publics. […] Le peuple est souverain. Le peuple décidera si, oui ou non, les législatives de 2012 marquent l’agonie de la démocratie représentative.
atlantico