Hier, depuis Strasbourg, Jean-Luc Mélenchon a fustigé l’attitude de l’UMP et son « ni-ni » (ni PS, ni FN).
Comment allez-vous après votre échec de dimanche ?
>> Je suis épuisé par ces deux campagnes qui se sont succédé et celle-ci a été rude. Je suis venu me confronter à l’influence politique de Mme Le Pen, et non pas à sa personne. J’observe qu’elle garde le même nombre de voix par rapport à ce qu’elle avait fait à la présidentielle. Elle n’a donc pas progressé. J’ai au moins atteint ce but-là ! La droite a perdu 12 000 voix et personne ne se demande où elles sont passées ! Le bulletin de vote de M. Urbaniak était… anonyme politiquement. On peut se demander si, au fond, Mme Le Pen n’a pas été, au premier tour, la candidate du rassemblement de toute la droite.
(…) Je ne regrette rien ! Tout ce que j’ai vu me conforte dans l’idée que j’ai bien fait de venir. Sur ce territoire, les dominants socialistes ne font plus aucune action d’éducation politique. Leur système fonctionne comme un réseau de clientèles. Cela ne crée pas une conscience politique mais des liens d’allégeance. C’est donc très volatil ! En fait, face à Mme Le Pen, les socialistes sont tétanisés ! Mais si quelqu’un se bat ouvertement contre ses idées, ils considèrent ça comme « une méthode débile ». C’est ce que Philippe Kemel a dit à mon sujet. Si je n’étais pas venu, Le Pen se serait donc retrouvée en tête à tête avec les socialistes qui, par leurs turpitudes, ont créé son terreau. Par-dessus le marché ils ont investi un candidat qui avait un contentieux avec le PC à qui il a pris la ville de Carvin en s’alliant à la droite. Que d’erreurs ! (…)
Vous avez dit, peu avant le premier tour, n’avoir jamais vécu une campagne aussi violente ?
>> Et pourtant ce n’était pas ma première ! Je milite depuis l’âge de 16 ans et j’ai dirigé des dizaines de campagnes mais, jamais, je n’ai vécu cela. J’ai eu droit à tout, à des faux tracts, aux mensonges, aux calomnies. Et même, à la projection de mon portrait en Adolf Hitler devant un camp de concentration au journal de 20 heures. Et face à tout cela, pas un mot de soutien des socialistes. Pourquoi ? M. Urbaniak, le candidat de la droite, lui, a été correct parce que sa conscience de républicain était heurtée. Avec la verte Marine Tondelier, il a été le seul à faire quelque chose. Je rappelle que j’ai déposé des plaintes, contre Mme Le Pen, qui suivent leur cours. La bataille juridique continue et elle pourrait bien se retrouver, en cours de route, inéligible.
Vous avez dit, dimanche soir, que vous ne quitterez pas le département. C’est-à-dire ?
>> Je vais m’inscrire au Front de gauche dans le Pas-de-Calais et participer à la construction de mon parti ici. Nous allons ouvrir une permanence à Hénin, organiser des séances de formation. Je ne serai pas candidat à des élections locales mais je ne suis pas venu juste pour « faire un coup » contre Le Pen. Je suis venu faire campagne là où elle a transformé une population en cobaye de sa politique. Le résultat de tout cela, c’est que j’ai vu, ici, des gens qui ont peur les uns des autres. Mme Le Pen a fait sauter toutes les digues de la retenue. Ce n’est pas vrai que la souffrance justifie le racisme.
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