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Alors que les observateurs guettent un possible rapprochement avec le Front national, Romain Pigenel, qui travaille pour François Hollande, estime que la digue morale est d’ores et déjà franchie par les élus locaux UMP. Plutôt le Front que la gauche.
En ces jours critiques qui voient la «digue» entre l’UMP et le FN se couvrir d’inquiétantes lézardes, on tend à se focaliser sur quelques personnalités très saillantes – élus ouvertement pro-FN, ou «ténors» type Nadine Morano – pour prendre le pouls du premier parti de droite.
C’est un tort: en pareille situation, il est toujours plus intéressant, et révélateur, de s’intéresser aux faits et gestes des élus et responsables politiques moyens, représentatifs de la majorité de leurs pairs, pas particulièrement connus pour leurs excès.
Connaissez-vous Philippe Marini? Costume-rayé-bleu-cravate-rouge très fillonesques, fines lunettes, cheveux blancs, l’air sérieux, interviewé sur Public Sénat  car sénateur-maire et président de la commission des finances de l’auguste assemblée. Un homme sérieux, on vous dit, plus connu, sauf erreur de ma part, pour des interventions budgétaires que pour des scandales médiatiques ou sorties hasardeuses sur les civilisations qui ne se valent pas.
On imagine Philippe Marini très concerné par l’entre-deux-tours des législatives, l’avenir de l’UMP et dans l’immédiat de ses députés. Très conscient de l’intérêt grandissant pour le FN des électeurs de droite, et des débats à la tête de son parti sur l’attitude à adopter à l’égard de la formation d’extrême-droite. Bref, un bon mètre-étalon des préoccupations moyennes de tout cadre ou militant UMP, actuellement. Interrogé, donc, par les journalistes de Public Sénat sur le cas de Roland Chassain –candidat de l’ex-parti présidentiel se désistant en faveur du FN pour le deuxième tour des législatives– il livre cet étonnant raisonnement en plusieurs étapes.
Premièrement: «Il appartient [à Roland Chassain] d’apprécier l’état d’esprit de ses électeurs et le climat de sa circonscription.» Marini, «décentralisateur», refuse de le juger. Pendant ce temps, Jean-François Copé, chef jusqu’à preuve du contraire de l’UMP, a officiellement condamné les alliances de ce type (c’est le sens du ni-ni) et enclenché la procédure d’exclusion de Chassain. Y a-t-il encore une ligne politique unique et partagée à l’UMP? Mystère. En attendant, la position de Marini est absolument explicite:

l’attitude à avoir face au FN n’est pas ou plus une question de principe, mais d’observation du terrain, au coup par coup. En clair, la digue  mentale a déjà cédé. (…)

Marianne 2

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