Un journaliste canadien qui lisait Asterix a son fils a été interrompu pendant la lecture par celui-ci, qui l’interrogea: «Papa, pourquoi les pirates ils ont un gorille?» Sauf que ce n’était pas un gorille, mais un esclave noir, dessiné quasi comme un gorille parce que les albums d’Asterix ont beaucoup de qualités, mais le progressisme n’en fait pas forcément partie. Le journaliste canadien s’interroge donc, dans un article du New York Times, sur la façon de lire des livres racistes aux enfants.
Les libraires et bibliothèques ont parfois fait le tri. Les livres ont aussi parfois été réécrits, à l’instar de Charlie et la Chocolaterie, de Roald Dahl. Dans la version de 1964, les Oompa-Loompas étaient les membres d’une tribu africaine et présentés comme des esclaves de Willy Wonka. Lors de la deuxième édition de 1971, ils n’étaient plus des pygmées venant d’Afrique mais venaient de «Loompaland», région de «Loompa», île du Pacifique.
Mais lorsque les stéréotypes sont clairs, comme dans Babar (que le journaliste qualifie d’«ennuyeux», ce qui me paraît absolument faux: Babar, c’était l’éclate. Le dessin-animé avec son générique louant «Bababar mon copain Babar» aussi, et les 33 tours de Babar, y compris la version dans laquelle Jacques Brel est le narrateur, valent une indigestion de madeleines), quand les stéréotypes sont clairs donc, ce n’est pas très grave, on peut dire à l’enfant contre quoi on se bat, quel est ce stéréotype.
Quand le stéréotype est flou, comme Jar Kar Binks dans Star Wars, possiblement une caricature raciste, mais comment exactement, pourquoi… c’est plus compliqué, selon le New York Times.
Les stéréotypes sont aussi «ce que les enfants attendent des histoires, ce qui est évidemment lié à ce que nous attendons tous des histoires: de la simplification».
«Qui connaît les conséquences, ou même sait s’il y en a? (…) Ou nos esprits sont-ils simplifiés par l’exposition à des stéréotypes dès le plus jeune âge?» (…)