La guichetière d’une agence bancaire de Belfort a demandé mardi matin à une cliente de la banque d’enlever, ou de relever, son foulard. Un malentendu fâcheux qui a conduit hier à une manifestation devant l’agence et à des excuses de celle-ci à la jeune femme.
Mardi matin à l’ouverture, à 9 h, Kübra Kagitci, de confession musulmane, qui porte un voile classique, révélant l’ovale de son visage venait voir son conseiller financier. L’employée venait de relever les rideaux et allait activer la deuxième porte du sas de sécurité. « Nous étions trois clients dedans et on a demandé l’ouverture de la deuxième porte, explique Kübra. La dame du guichet m’a alors dit d’enlever mon foulard. Elle a bloqué la porte et a répété sa demande ». Prise de cours, la jeune femme ressort de l’agence et se dirige vers le commissariat. « J’ai expliqué ce qui était arrivé et on m’a dit que mon visage devait être dégagé. » La jeune femme décide alors de faire appel à Cojep International, organisation non gouvernementale qui opère dans 15 pays d’Europe pour « approfondir la discussion sur la place des minorités dans les pays européens », née, indique son site Internet, « autour d’activités destinées à la Jeunesse en 1985 sous l’impulsion de l’Association des jeunes Turcs de Belfort ».
Veysel Filiz, son vice-président, rédige aussitôt un communiqué, appelle l’agence bancaire incriminée et invite à un rassemblement de soutien, qui a eu lieu hier en fin de matinée devant l’agence bancaire avec une cinquantaine de personnes, dont le représentant de la Cojep Belfort, M. Cetin et des responsables locaux de la communauté musulmane. Les représentants de la Cojep ont pu rencontrer le président du conseil d’administration de l’agence : « La banque s’est excusée et a dit que ni les dirigeants, ni les responsables n’ont jamais eu un problème avec les usagers de la communauté musulmane belfortaine, indiquait, à l’issue du rendez-vous, Veysel Filiz. Il s’agit d’un acte isolé et d’une incompréhension ». La direction locale du Crédit mutuel a corroboré, devant les manifestants, cette version des faits, alléguant « d’une mauvaise interprétation des règles de sécurité en vigueur. Le Crédit mutuel accueille les clients de toutes religions et de toutes origines », a-t-elle expliqué, avant de présenter ses excuses à Kübra et à sa famille.
L’employée incriminée, qui s’avoue aujourd’hui « très embêtée par ce malentendu », a expliqué sa réaction par le fait que le voile de la jeune femme était trop baissé sur ses yeux. Cette dernière a néanmoins demandé que la guichetière lui présente des excuses personnelles. Ce qui devrait être fait une fois que les esprits seront moins échauffés.
Le Pays
(Merci à Shaka)