Pour Florence Taubmann, pasteur de l’Église réformée de France et conjointe de Michel Taubmann, biographe de Dominique Strauss-Kahn, DSK est aujourd’hui un bouc émissaire, au sens donné par l’anthropologue René Girard.
Laissons Dominique Strauss-Kahn à sa conscience, à sa famille et à sa vie. Si la religion de la haine et de la dénonciation l’emporte, notre société démocratique y perdra son âme et aucun d’entre nous n’y survivra.
Dominique Strauss-Kahn continue d’inspirer les faiseurs d’opinion et moralistes de tout poil qui, bénéficiant des moyens médiatiques modernes, ont supplanté les prêtres et pasteurs dans la dénonciation du “péché”. Il y a en effet comme un phénomène religieux à l’œuvre dans l’entreprise de dénonciation et d’humiliation de DSK, un homme à terre, qui a perdu son statut professionnel, politique, social… et dont on aimerait manifestement que la chute se poursuive par le délitement de son couple, de sa famille, de son réseau amical.
Pourquoi cette haine ? Par haine du crime ? Il n’a pas été condamné par la justice. Des procédures sont en cours, laissons-les se poursuivre. […]
L’exécution du bouc émissaire, en canalisant la violence collective, aurait pour résultat de restaurer l’unité et la paix sociales. Mais pour cela, a montré Girard, il faut que la victime désignée soit consentante, qu’elle entre dans ce processus religieux de sa propre mise à mort destinée à sauver le groupe. Alors de paria elle peut devenir ou redevenir une sorte d’idole. […]
Le Nouvel Obs