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Vendre à perte, c’est interdit par la loi. La justice l’a récemment rappelé à un hypermarché montbéliardais condamné pour ce délit. En lisant le compte rendu, les syndicalistes de l’UFAP/Unsa ont bondi et souhaité réagir pour dénoncer des pratiques similaires en vigueur dans l’Administration pénitentiaire. Notamment dans la gestion des cantines car le contribuable devrait payer près de 20M€ pour éponger les ventes à perte dont bénéficient les détenus en prison.
Pascal Schreck, secrétaire régional adjoint en poste à Belfort, énumère quelques exemples édifiants. « L’État achète le paquet de riz de 500 grammes 2,70 € et le revend… 0,36 €ou encore, produit phare en prison, le pot de Nutella de 400 grammes est acheté 3,13 € puis revendu 1,11 €. Bien entendu, la différence est compensée par le budget de fonctionnement de l’établissement, donc par le contribuable. On peut aussi donner l’exemple de la télévision. Chaque cellule est équipée d’un téléviseur avec accès à Canal +, moyennant 8 € par mois. Là encore, Canal + ne fait pas de cadeau et c’est le contribuable qui, avec ses impôts, paie la différence. Lors de la présentation du budget de notre Direction interrégionale, le 6 janvier dernier, une petite phrase nous a mis la puce à l’oreille. Il était dit que les coûts associés aux marchés des TV et des cantines seraient financés en court de gestion par des dotations complémentaires. C’est donc bien la preuve que ces ventes à perte sont implicitement reconnues ».
À écouter le syndicaliste, cela générerait de sérieux problèmes pour le personnel pénitentiaire, contraint de faire face à un courant sinon un déferlement d’activités liées à ce big bazar super-discount.

«Un collègue me disait assister à un renversement total des habitudes. Par le passé, on voyait les familles apporter des victuailles à leurs détenus, aujourd’hui, c’est l’inverse. Un directeur de prison, dans le Jura, a même reçu des lettres de détenus qui demandaient à pouvoir faire bénéficier leurs familles de ces tarifs préférentiels. C’est le monde à l’envers. À une époque où l’on demande au citoyen de se serrer la ceinture, ce type de disparité de traitement fait grincer et couiner (sic) auprès du personnel ».

Pour quelle raison l’Administration pénitentiaire procéderait-elle ainsi ? « Simplement pour garantir la paix sociale dans les prisons », interprètent Pascal Schreck. Et quelle serait l’ampleur de ces ventes à perte que le contribuable devrait éponger ? Pascal Schreck et ses collègues ont fait leurs calculs : « Nous avons pris Strasbourg comme étalon avec ses 650 détenus. Il apparaît que chaque détenu coûte 296,68 € par an. Si l’on multiplie par 67 000, à savoir le nombre de détenus en France, on arrive tout juste en dessous de la barre des 20 M€». Faramineux !
Est Républicain

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