Le tribunal correctionnel de Senlis (Oise) a condamné aujourd’hui deux responsables de l’enseigne hard-discount Lidl à six et quatre mois de prison avec sursis pour avoir refusé d’embaucher une jeune femme étrangère, d’origine ivoirienne, qui a depuis obtenu la nationalité française.
Le parquet avait requis lors de l’audience, le 16 mai, huit mois de prison avec sursis à l’encontre des deux hommes – le directeur régional Ile-de-France nord et un responsable administratif chargé des ressources humaines – poursuivis pour «discrimination à l’embauche» par une caissière du magasin Lidl de Nogent-sur-Oise (Oise).
Les deux responsables ont également été condamnés à respectivement 5.000 et 3.000 euros d’amende, et à suivre un stage de citoyenneté à leurs frais.
Lidl, qui comparaissait en tant que personne morale, a été condamnée à 10.000 euros d’amende, et à verser solidairement 10.000 euros de dommages et intérêts à chacune des parties civiles. Outre la plaignante et neuf autres salariés, le syndicat Unsa et l’association SOS Racisme s’étaient constitués parties civiles dans ce procès qui avait fait l’objet de trois renvois.
«Cette sentence marque une victoire sans précédent en matière de lutte contre les discriminations à l’embauche, les magistrats ayant condamné l’enseigne et non les seuls exécutants du système, rompant ainsi avec les traditions de lampistes opérantes au sein des grands groupes», a réagi SOS Racisme dans un communiqué. […]
Les deux responsables, ainsi que l’enseigne hard-discount, ont immédiatement fait appel de la décision «car ils ne comprennent pas leur condamnation pour discrimination, puisque un tiers de leur effectif est de nationalité étrangère avec carte de séjour», a déclaré à l’AFP leur avocat Me Olivier Gutkes.
Le Figaro