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Les curieux qui ont assisté, hier soir, à la conférence-débat menée sur la Canebière sur les racines du vote Front national en ont eu les méninges retournées. Non pas la complexité du propos, plutôt clair dans l’esprit des politologues invités, mais par la thèse proposée. Où il s’agit de repenser totalement notre manière d’aborder l’immigré. “Ceux qu’on désigne par eux, nous qui sommes d’ici”, résume Virginie Martin. Auteure d’une note d’une quinzaine de pages à consulter sur le site du LabOratoire, think tank politique né à Marseille il y a quelques mois sous sa houlette et celle de Thomas Hollande, fils du chef de le l’État, la Marseillaise est une spécialiste du Front national.

“Derrière ce vote radical, il y a une adhésion aux thèses.”

Murie depuis une quinzaine d’années, sa thèse repose sur l’idée que le vote protestataire dont on affuble avec facilité les électeurs frontistes est un leurre. “On doit s’éloigner du vieux tryptique cocardier chômage – insécurité – immigré”, explique-t-elle.
“Parler de protestation est une erreur. Ces électeurs expriment en fait une radicalité et elle est peu ou prou la même avec le Front de Gauche ou même avec François Bayrou en 2007 quand on parlait d’extrême centre. Ce qui est sûr, c’est que derrière ce vote radical, il y a une adhésion aux thèses.”
Balayés, donc, les bulletins volatiles qui filent d’un extrême à l’autre au gré des humeurs. “Cela existe, mais la construction est fausse, souligne Pierre Lénel, vice-président du think tank. On a dépouillé les électeurs de leurs excuses sociologiques, untel est pauvre ou précaire. En sortant de ce fantasme,

ce qui est difficile à entendre pour beaucoup de politiques, on se rend compte que nous sommes face à des gens qui réagissent à la crainte d’un choc de civilisations.”

“Ils ont le sentiment d’une colonisation inversée”
Plus encore que sur les signes ultra-visibles de la burqa ou des prières de rue, stigmatisés à droite notamment pendant la campagne présidentielle, les électeurs Front national voteraient contre “des symboles culturels et cultuels.

Ils ont le sentiment d’une colonisation inversée, reprend Virginie Martin.

Ils font des rapprochements rapides avec les révolutions arabes qui amèneraient la charia ou avec le massacre de chrétiens coptes en Egypte. Ce sont ces troubles civilisationnels qui constituent la matrice de leur vote. Et il concerne toutes les couches de la société.”
Une analyse qui prend encore plus son sens à Marseille ou autour de l’étang de Berre qu’ailleurs, le Front national obtenant, depuis le milieu des années 80, des scores supérieurs à la moyenne nationale. Face à cet enracinement culturel, Virgine Martin propose de “créer du commun.” C’est-à-dire sortir des codes classiques de l’intégration forcée à la française pour se dire que “le monde est dans la France. Avec les filles voilées, al-Jazeera et Facebook qui laisse à tout immigré ses racines à portée de main.” Elle souhaite la création d’un service civique solidaire de six mois axé notamment sur les services à la personne. En gros d’apprendre à mieux se connaître pour éviter de se jeter des pierres.
La Provence

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