La situation est particulière. Un père et une mère de famille, de nationalité tunisienne et habitants à Villeurbanne, étaient présentés au tribunal. Les prévenus devaient répondre de faits de violence sur une directrice et une enseignante – enceinte de sept mois – de l’école maternelle Berthelot. Mais, en toile de fond, c’est le sujet du port du voile à l’école qui a largement alimenté les débats.
Le 21 juin au matin, les maternelles de Berthelot s’apprêtent à partir au zoo de Saint-Martin-La-Plaine, en guise de sortie de fin d’année. Pour faire plaisir à sa fille de 5 ans, Sonia s’est proposée comme parent d’élève accompagnatrice. Seulement, la mère de famille se présente avec la chevelure cachée par un bonnet surplombé d’une casquette. Pour l’institutrice et la directrice, même s’il ne s’agit pas d’un voile, c’est un signe religieux ostentatoire, contraire à la loi et à la charte signée par chaque famille en début d’année. La jeune femme abaisse alors son bonnet et le bus peut partir. Mais au fil de la journée, le bonnet réapparaît petit à petit, poussant la directrice à signifier à Sonia qu’elle ne pourra plus accompagner les élèves à l’avenir.
Au retour à l’école, vers 15 h 30, les choses s’enveniment quand Sonia se voit refuser, contrairement aux autres parents présents, de quitter l’école avec sa fille avant 16 h 20, l’heure légale. Furieuse, elle l’arrache des mains de l’institutrice, la griffant au passage. De retour chez elle, elle alerte son mari, qui va alors se précipiter à l’école et copieusement insulter l’institutrice et surtout la directrice, faisant mine de la frapper.
« J’ai senti ma femme humiliée. Mais je n’ai jamais voulu frapper la directrice, que je connais depuis 10 ans et avec qui on se respecte puisqu’elle a eu auparavant mes trois autres enfants », a indiqué l’intéressé depuis le box des prévenus. Il a expliqué son geste par la dépression qu’il traverse et n’a pas manqué de s’excuser à plusieurs reprises. « Nous n’aurions jamais dû en arriver là, avec 48 heures de garde à vue et une comparution immédiate pour un couple, indiscutablement de bons parents, sans antécédents judiciaires », a plaidé l’avocat. Le procureur en a convenu, ne réclamant que des peines pédagogiques, sous forme de TIG.
Le progrès
Merci à Gnoc Beaujolais