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Quelle erreur sémantique que de parler de Noirs de Tunisie ! Un peu comme si chaque pays devait avoir son lot. Une communauté à part, un peu différente et dont on ne serait pas vraiment sûr du lien ni de l’attachement patriotique. Heureusement il y a toujours une lueur quelque part. En l’occurence l’association Adam pour l’égalité et le développement qui lutte contre les idées reçues.
Lors d’une conférence organisée à Tunis, elle a distribué des lettres et des textes rédigés par des Noirs Tunisiens. Sur la page d’intro on peut lire une mise au point nécessaire : «…Noirs Tunisiens ou Tunisiens Noirs. Peu importe la position des mots ; que cela soit dans un sens ou dans l’autre, ces hommes et ces femmes continuent d’être méprisés, sous-estimés, dénigrés. Pourtant ils sont Tunisiens. Ils le sont bel et bien ! »

« Les noirs sont des délinquants. Ils sont pauvres et c’est normal ils sont tous fils d’esclaves. Et en plus ils puent. »

Voilà ce que disent nos bouches tous les jours. Et si elles se taisent nos yeux le disent à leur place. (…)
A Gabès, région où une forte communauté noire tunisienne vit, comme ailleurs dans le pays, les mentalités sont sclérosées, en particulier chez les adultes. Asma a grandi dans le sud. Elle explique que les populations se côtoyaient, mais de là à échanger… Et c’est d’ailleurs ce qui est incroyable pour Maha :

« Tous les mariages mixtes se passent mal. Mais nous sommes tout de même capables de cohabiter ! »

Pour le sociologue Mohamed Jouili, il est aujourd’hui question de permettre aux Noirs de se construire une idéntité et une histoire. Parce qu’en se connaissant mieux on avance. Les Noirs sortiront ainsi de leur malaise et les Blancs apprendront à leur faire la place qu’ils méritent dans la société. Peut-être que petit à petit l’idée d’égalité s’installera. Après tout avec 10% de sang noir qui coule dans les veines de chaque Tunisien il faudra bien finir par accepter que nous partageons plus qu’une carte d’identité. (…)
Nawaat

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