(…) Dans le microcosme de l’histoire-géographie, plusieurs choses posent problème. Je suis enseignante depuis vingt ans, et en poste au collège Paul Éluard de Montreuil depuis cinq ans.
Ce matin, j’ai surveillé le brevet. Les élèves de troisième passaient l’épreuve d’histoire-géographie et d’éducation civique et sociale de deux heures pour leur dernière journée.
Cet examen est composé d’une partie consacrée au choix à l’histoire ou à la géographie ; un repérage spatial et temporel, une étude de documents avec des questions et un paragraphe argumenté à rédiger ; et d’une partie consacrée à l’éducation civique.
L’épreuve de cette année est un outil d’instrumentalisation politique
Pourtant, ce matin, l’examen ne ressemblait à rien. Dans l’épreuve d’histoire, on ne demandait pas d’”argumenter” – comme cela doit se faire – mais de “raconter” “la vie des Français au front et à l’arrière pendant la Première Guerre mondiale”.
Le programme, qui a été renouvelé en 2008, porte sur l’intégralité du XXe siècle pourtant dans 70% des cas, les élèves tombent sur l’une des deux Grandes Guerres ou sur de Gaulle et la Ve République.
En éducation civique, il fallait parler des pouvoirs du président de la République française. J’ai été particulièrement choquée par l’illustration montrant Nicolas Sarkozy “prêchant la bonne parole” aux soldats en Afghanistan.
Je suis effondrée par ces choix. Je pense que cette épreuve est, sur bien des points, un outil d’instrumentalisation politique. Ce matin, les élèves devaient aussi plancher en géographie sur “la puissance économique et commerciale de l’Union européenne”, accompagnée de documents ventant exclusivement les aspects positifs de l’Europe.
Comme si l’euro attirait tout le monde ? Comme si la crise n’existait pas ? On ne propose pas aux élèves de réagir, mais de soutenir l’énoncé proposé. On n’essaye pas de former un citoyen doté d’un regard critique, mais de former un citoyen français européen. (…)
Le nouvel Observateur