L’adresse du médecin de Versailles (Yvelines) avait fait le tour du milieu de la drogue. On venait de toute la région parisienne et parfois même d’au-delà pour s’approvisionner en produits de substitution à l’héroïne, principalement du Subutex, pour sa consommation personnelle mais aussi, vu les quantités, pour alimenter le trafic. Le praticien complaisant, poursuivi pour escroquerie à la Sécurité sociale, a été interpellé. Rien que pour le volet Val-d’Oise et ses deux toxicomanes visés, l’escroquerie à la Sécu se chiffrerait à 40000 € environ. Mais ce sont des dizaines de personnes qui se pressaient à la porte du cabinet du petit centre commercial de Satory.
L’enquête débute lorsqu’un pharmacien d’Argenteuil tire le signal d’alarme en début d’année. Un patient vient tous les deux ou trois jours chercher du Subutex en quantité. D’autres pharmaciens reçoivent aussi sa visite. Deux toxicomanes d’Ermont et de Persan sont dans le viseur des policiers. Leurs ordonnances ne portent qu’un seul cachet : celui du médecin de Versailles. Les enquêteurs ont pu écarter au fil des mois l’hypothèse d’une contrefaçon des ordonnances par les bénéficiaires et établir que le praticien les prescrivait en toute connaissance de cause.
Le médecin de 49 ans a été interpellé jeudi à son cabinet, en présence d’un responsable de l’ordre des médecins. Il aurait confié vouloir venir en aide, par humanité, aux toxicomanes. L’enquête a établi qu’il avait la main lourde, signant des prescriptions pour un mois permettant d’obtenir des comprimés en nombre suffisant pour plus d’un an de traitement. Le médecin délivrait jusqu’à 100 boîtes de Subutex en une seule journée, de quoi alimenter la revente des comprimés sur le marché parallèle, à environ 8 € pièce. Il prescrivait aussi de la méthadone, un autre produit de substitution aux opiacées, et du Scenan, un dérivé de la morphine.
Les deux toxicomanes, dont un a été interpellé, disposaient également de faux papiers qui pouvaient leur permettre de se faire délivrer d’autres ordonnances sous un autre nom.
Le Parisien