Pour la première fois depuis un an, Fatiha Benahmed, adjointe au maire du 9e arrondissement, livre sa version de l’affaire du ”voile de la mariée”, devant la presse. Soutenue par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), elle tient à mettre un terme au harcèlement dont elle se dit victime. Entre les lignes, on découvre que des rancunes personnelles se mêlent à cette affaire, dans laquelle deux versions s’affrontent toujours. (…)
Fatiha Benahmed, elle, ne regrette rien. ”La cérémonie n’a donné lieu à aucun rapport administratif pour signaler un quelconque incident. (…) Force est de constater qu’aucune plainte n’a été déposée”. Mais là encore, les versions divergent. ”Nous avons porté plainte fin 2011” affirme Messaoud. ”J’en ai pris connaissance” confirme le maire. ”J’ai également consulté le rapport des 2 salariés de la mairie présents lors de la cérémonie. Désormais, les mariages sont beaucoup plus encadrés et surveillés” conclut-il.
La coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI) a en effet ”incité” le couple à porter plainte, selon les dires de Messaoud, afin de créer une jurisprudence.
Depuis un an, le quotidien de l’adjointe au maire serait ponctué d’appels insultants, de filatures, et de menaces de mort. Toutefois, l’élue n’a jamais porté plainte. ”Je me suis tu pour jouer la carte de l’apaisement” se justifie-t-elle. Alors qui harcèle Fatiha Benahmed ? Des mouvements extrémistes qui ont ”besoin de traîtres”, comme le dit Eric Gerbe ? L’élue ne présente qu’un document: un jugement du tribunal de police, condamnant Yamina Larbi, présidente de l’association Peuples de France et d’ailleurs, à lui verser 1 euro pour ”violences n’ayant entraîné aucune incapacité de travail”. Mais ce document ne peut être lié au mariage de Nassima et Messaoud: il date de 2010.
Alors pourquoi en faire état à la presse ? ”C’est cette personne qui lui tourne autour,” justifie Maguite Chichereau, élue EELV proche de Fatiha Benahmed. ”C’est une personne qui récidive”. Yamina Larbi crie à la diffamation. Quant à Alain Giordano, il juge les accusations démesurées. ”Elles se connaissent depuis longtemps… Il y a des histoires personnelles qui rentrent en ligne de compte” tempère le maire. Effectivement, Fatiha Benahmed a longtemps fait partie de l’association de Yamina Larbi, Peuples de France et d’ailleurs, pour laquelle cette dernière a été décorée Chevalier de l’Ordre du Mérite.
En 2010, pendant les élections régionales, alors que Fatiha Benahmed est candidate,Yamina Larbi organise une soirée orientale avec son association. ”Elle en a profité pour faire des photos de presse, alors que j’avais interdit l’utilisation de ma soirée à des fins politiques” explique la présidente de l’association. Le jour des résultats, les deux femmes se disputent en public. ”Je l’ai saisie par la manche, et elle est allée porter plainte!” explose Yamina Larbi. Après cet incident, elle exclut l’élue écologiste. ”Depuis, je n’ai plus de contact avec elle” se défend-elle, en réponse aux suspicions de harcèlement. ”Elle veut faire parler d’elle car elle sait que sa carrière est foutue” déclare-t-elle à Lyon Capitale. ”Collomb l’a dit, en 2014, il n’en veut plus”.
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