L’attaque de la poste de Mohon n’était pas leur premier fait d’arme. Le gang, spécialisé dans les braquages de bureaux de poste, est suspecté d’avoir frappé à deux autres reprises dans l’Essonne. C’est leur mode opératoire, pour le moins singulier, qui a mis la puce à l’oreille des services d’enquête.
Le 8 juin à Mohon, les malfaiteurs entrent à deux en fracturant une porte vitrée. Un complice couvre leurs arrières en faisant le guet à l’extérieur. À l’arrivée de l’employée, les voyous, armés et encagoulés, se jettent sur elle avant de lui asséner un coup de crosse. La suite du scénario révèle la signature du gang.
La terreur par l’essence
La malheureuse est ligotée avec du ruban adhésif. Non content qu’elle soit à leur merci,
les voyous poussent le vice jusqu’à l’arroser d’essence de la tête aux pieds. En menaçant de la transformer en torche vivante à tout instant, ils espèrent obtenir le code d’accès au Distributeur Automatique de Billets (DAB) dont la réserve est accessible de l’intérieur. Mais la victime est à ce point terrorisée qu’elle compose un mauvais code, bloquant l’accès au pactole.
Les malfrats raflent un maigre fond de caisse de 2 525 euros. Comme ils passent en direct sur les écrans de contrôle de la vidéosurveillance, un comité d’accueil d’une vingtaine de policiers de Charleville-Mézières les cueille au terme d’une course-poursuite dans les rues de Mohon.
Jimmy Djimasra-Labé, chef de gang à 28 ans, Saphir Hassan, second couteau de 23 ans, et John Delattre, le guetteur de 21 ans, sont mis en examen pour vol avec arme en bande organisée puis écroués
(nos éditions des 7, 8 et 10 juin).
Un joli pactole
La diffusion du signalement des trois malfaiteurs et de leur mode opératoire par le SRPJ de Reims attire l’œil de deux autres services d’enquête. Depuis le 10 mars, les policiers du SRPJ d’Evry tentent de résoudre un braquage semblable. Ce jour-là, les employés de l’agence postale de Grigny dans l’Essonne ont vécu le même cauchemar que leur collègue de Mohon dans les Ardennes.
Avant l’ouverture au public, deux individus cagoulés et armés ont fait irruption par une porte de service. La première employée présente sur les lieux est braquée, ligotée puis aspergée d’essence.
Ses six collègues sont neutralisés puis entravés au fil de leur arrivée. Les deux malfrats opèrent pendant près de 45 minutes avant de prendre la poudre d’escampette à bord d’un véhicule qui sera incendié plus tard. Cette fois, ils ont mis la main sur un joli pactole estimé à 135 000 euros.
Tour à tour neutralisés
Le 25 avril, le même scénario se reproduit à la poste de Millery-La-Forêt, toujours dans l’Essonne. Ce matin-là, la première employée qui franchit la porte de l’agence est séquestrée puis aspergée de carburant. Là encore, chacun de ses collègues de travail est tour à tour maîtrisé. Le butin, bien plus mince, est estimé à 5 000 euros.
Les gendarmes de la section de recherches de Paris, en charge de l’enquête, font eux aussi le lien avec le braquage de Mohon. Bientôt les policiers d’Evry et les militaires parisiens disposent de suffisamment d’indices pour confondre le trio. Récemment, Jimmy Djimasra-Labé, Saphir Hassan et John Delattre, le guetteur de 21 ans, ont écopé de nouvelles mises en examen en région parisienne.
Le trio aurait été peu bavard pour l’occasion, semble-t-il. Ce qui n’est pas très surprenant. Car, même pris en flagrant délit à Mohon, il avait fallu leur tirer les vers du nez. Ce qui n’avait pas empêché les trois malfrats de livrer une stupéfiante version aux policiers du SRPJ de Reims.
À les écouter, ils auraient agi sous la pression d’un gros bonnet de cité. Ce mystérieux voyou les aurait en quelque sorte contraints à « monter au braquage » pour éponger une dette.
Comme il est très dangereux – et plus féroce qu’eux par essence – ils refusent de livrer son nom.
L’Union