Les Franco-Algériens tiennent à garder leur double nationalité. Pour diverses raisons. Mais, cela ne va pas sans poser quelques difficultés relationnelles avec les «cousins», lorsqu’ils arrivent en Algérie. (…)
Le tout se fait cependant entre les siens, entre soi, entre intimes. En Algérie, les Merah ne sont pas tués, mais insultés dans le dos.
Les Algériens reprochent aux Français, dans le confort d’un élan ancestral d’être raciste envers les Algériens de là-bas, mais ils le sont eux-mêmes envers les leurs ici au pays.
C’est la logique de «notre âne est mieux que votre cheval», selon le proverbe. Traduire: on peut se permettre de les détester, entre nous, mais pas que vous les détestiez vous les Français. La raison? Psychologique, post-colonialiste, Nord-Sud, non-alignée ou autre. On peut creuser.
«Ici ce n’est pas là-bas!», crie souvent le policier de circulation au jeune émigré qui conduit sa belle voiture de location.
Là-bas c’est la France où tout est permis, avec les droits de l’homme, SOS racisme, l’intégration ou la diversité. Ici c’est l’Algérie des Algériens qui n’aiment pas les étrangers, les colonisateurs, les gens venus par la mer et les gens différents et les gens trop riches ou les gens qui parlent mal algérien mais qui se prennent pour des Algériens.
Ceci pour le palier bas. Au palier moyen les Franco-Algériens ont cependant la cote des entreprises françaises ou européennes installées en Algérie. Ils sont la bonne solution pour le switch entre deux univers.
Du coup, ils sont mieux payés que leurs cousins algériens, mieux traités et ont accès à des postes meilleurs. Du coup, le racisme à l’emploi prend un autre sens.
Entre Algériens de souche et Algériens de France et d’Europe. Les binationaux, eux aussi, sont parfois mal vus, mais avec discrétion. Ils sont mieux cotés et «reviennent au pays parce qu’ils sentent l’argent, pas à cause du drapeau», dit la rancune populaire. (…)
Slate Afrique