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L’impossible lumière sur un épisode étrangement négligé et donc méconnu de l’histoire d’une guerre qui ne s’acheva pas en mars avec les accords d’Evian. (…)

5 juillet : anniversaire de la chute d’Alger en 1830, qui marqua le début de la conquête du pays par les Français. C’est la date choisie pour fêter une Indépendance flambant neuve. Manifestations pacifiques et circonscrites dans tout le pays. La guerre d’Algérie est vraiment finie.

Or ce jeudi-là à Oran, ville algérienne depuis deux jours, ces manifestations tournent au massacre, aux enlèvements massifs. Au dégoût que nous savons. Ou que nous ne saurons jamais avec précision : 365, 700, 3 000 morts et disparus entre 11 heures et 17 heures ?

Il fait beau, évidemment. Mon père se trouve sur le port avec un cargo en partance pour Carthagène, qu’il aide à charger de nombreux pieds-noirs qui préfèrent la valise au cercueil. Vers onze heures moins le quart, mes grands parents maternels nous cueillent, ma sœur Muriel, deux ans, et moi, pour aller passer l’après-midi à la plage, dans leur cabanon de Bouisseville. Ma mère reste seule chez nous, au centre-ville. La Dauphine a pris la route.
Nous échapperons aux barrages et aux rapts routiers pourtant nombreux ce jour-là. À quelques minutes près, nous étions pris dans un tourbillon de folie meurtrière… 11 heures. Une foule en délire venue des faubourgs, notamment du Village-Nègre, surgit en plusieurs points de la ville. Civils armés et soldats Algériens mêlés. Les couteaux sont tirés. Et utilisés. Les armes à feu aussi.

La suite ? – des Français désarmés, fusillés comme des lapins, poignardés comme des thons, enlevés comme des pucelles par des Huns, brûlés vifs comme des hérétiques, pendus à des crochets de bouchers, torturés de façon atroce… Tout cela en temps de “paix”. (…)

Le Monde

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