Un jeune juif a été roué de coups dans un train entre Toulouse et Lyon. Dans la France de 2012, ils sont de plus en plus nombreux à subir cette violence au quotidien. L’enquête du “Nouvel Observateur”.
C’est une goutte. Le 11 juin à Paris, Elie M., 12 ans, a dit à ses parents qu’il faudrait changer de nom : au collège on l’avait traité de “sale juif”. Le 30 avril à Marseille, deux jeunes garçons ont été interpellés dans la rue : “Nous, on est pour la Palestine, on n’aime pas les juifs, on va tous vous tuer, on va tous vous exterminer, sales juifs que vous êtes.” Puis ils se sont fait casser la gueule. Le 8 juin à Sarcelles, un adolescent a été insulté par trois jeunes : “Ferme ta gueule, sale juif.” Il s’est défendu ; l’un d’eux l’a tenu au cou pendant que les deux autres le frappaient. Ça ne fait pas de bruit, une goutte, on ne l’entend que si on tend l’oreille.
Le 26 mars à Paris, un enfant de 11 ans portant tsitsits, ces franges traditionnelles, a pris des coups de poing au visage à quelques mètres de son école. “Sale juif”, a dit son agresseur. Le même jour à Rillieux-la-Pape, dans le Rhône, en rentrant de la synagogue, un rabbin a été insulté par une bande de gamins de 12 ans environ. Ils lui ont jeté des pierres. (…)
David, lui, est corse. Il y a deux ans, il était avec un de ses amis sur un banc, dans un square du 13e arrondissement de Paris, quand une dizaine de jeunes gens les ont pris à partie. “Soudain l’un d’eux a crié : ‘Sale juif’. Je pense qu’il avait vu l’étoile de David autour du cou de mon ami. Ca a été comme un top départ. Ils l’ont roué de coups de pied et de poing et l’un d’eux l’a poignardé à plusieurs reprises dans le bras. Ils disaient : ‘On va te saigner, sale juif’. Avant cela, comme beaucoup de gens, je pouvais penser que les juifs sont dans la victimisation, qu’ils exagèrent. Depuis cela, je sais que l’antisémitisme existe. Ils l’auraient tué si je ne les avais pas finalement fait fuir. Juste parce qu’il est juif. Ils ont été arrêtés, ils avaient entre 15 et 17 ans.”
A Marseille, on raconte l’histoire de cette vieille dame de 83 ans. Cambriolée, elle a vu son voleur revenir après son forfait. “Il a dû voir sa mezouzah en sortant”, souffle Michèle Teboul. Alors, il l’a violée. “Ne me fais pas ça, je suis tunisienne comme toi”, suppliait la dame.
“Tu n’es pas tunisienne, tu es juive”, lui aurait dit le violeur. Confondu par son ADN, il a été arrêté. Il a 15 ans. C’est monstrueux, une goutte.
Voir : “Faits divers”