- Pour Kader Abderrahim, la loi islamique fait partie de l’histoire des pays du Maghreb, de l’Égypte et de la Libye.
- C’est aussi un outil politique pour les islamistes.
LA CROIX : Quelle est l’importance de la charia, cet ensemble de normes religieuses destiné à régir la vie quotidienne des musulmans, dans les pays arabes ?
Kader Abderrahim : En premier lieu, il faut noter que la charia, ou loi islamique, fait partie de l’histoire des pays du Maghreb (NDLR : Maroc, Algérie, Tunisie) , ainsi que de celle de la Libye ou de l’Égypte, et ce depuis des siècles. Et si la loi islamique comporte un socle théorique, c’est plutôt la pratique, l’application de ces normes dans la vie quotidienne, qui compte.
D’ailleurs, beaucoup de pays n’ont pas attendu que la charia soit inscrite dans leur Constitution pour l’appliquer. Au Maroc, pays le plus conservateur du monde arabe, la charia est une réalité sociale pour 85 % des femmes. Si elles veulent divorcer, elles sont obligées de passer devant un tribunal islamique, alors que la loi ne le demande pas. Ainsi, ces règles font partie des mœurs.
La charia peut aussi constituer un outil politique pour les partis islamistes. Ils vont s’en servir pour conserver les mouvements radicaux dans leur giron, tout en faisant des concessions dans d’autres domaines.
Pour utiliser une métaphore, je pourrais comparer cela à la politique de François Hollande, qui doit satisfaire les gens à sa gauche tout en tenant compte des réalités économiques de son pays ! (…)