En 2003, un restaurateur alsacien qui avait refait sa vie aux États-Unis sous le nom de Guy Luck avait été enlevé et abattu. Condamné en 2008 par une cour fédérale à la peine capitale, son meurtrier est détenu dans un couloir de la mort.
Avec l’aide de deux complices, Jack Matthews et Joey Marshall, Rejon Taylor avait enlevé Guy Luck le 5 août 2003. Cet Alsacien de 51 ans tenait depuis 1995 un restaurant à Atlanta dans l’État de Géorgie. Un établissement dans la pure tradition de la gastronomie française, avec canard à l’orange et coq au vin au menu.
Lors de la perquisition effectuée au domicile du suspect, Rejon Taylor, le futur meurtrier de Guy Luck, les enquêteurs vont découvrir une quarantaine de cartes de crédit, dont une établie au nom du restaurateur alsacien, ainsi qu’une serviette et des papiers lui appartenant. Un inspecteur de police prendra contact avec Guy Luck pour lui demander s’il souhaitait engager des poursuites contre son cambrioleur, ce que l’Alsacien acceptera de faire.
Rejon Taylor aurait alors imaginé d’enlever Guy Luck, avec deux complices, Jack Matthews également âgé de 19 ans et Joey Marshall âgé de 18 ans, pour le convaincre de retirer sa plainte. Avec beaucoup d’audace, le jeune homme s’est d’abord rendu au restaurant pour y dîner et plus probablement pour repérer les lieux et sa future victime.
Le matin du 6 août, Rejon Taylor a emprunté la voiture Chevrolet de ses parents pour se rendre au domicile de Guy Luck en compagnie de ses deux complices. Le trio était armé de deux fusils 9 mm et d’un pistolet de calibre 38.
Guy Luck a été kidnappé à la sortie de sa maison. Sous la menace d’une arme, Jack Matthews a contraint le restaurateur à monter à bord de son propre véhicule. Après deux heures de route, les deux véhicules se sont retrouvés dans le Tennessee. Guy Luck aurait alors tenté de s’emparer du fusil du Matthews qui le tenait en joue. Mais avant que son arme ne s’enraye, le kidnappeur est parvenu à tirer, blessant le restaurateur alsacien au coude et au visage. Guy Luck se serait ensuite jeté sur Taylor qui conduisait le fourgon. Mais le conducteur aurait eu le temps de saisir son arme et de faire feu par trois fois, atteignant Guy Luck au bras, à l’épaule et dans la bouche. Une des trois balles blessera également Matthews.
Les deux kidnappeurs ont précipitamment quitté le fourgon, en abandonnant Guy Luck au bord de la route. (…)
Guy Luck a pour sa part été évacué vers l’hôpital de Chattanooga. Grièvement blessé à la tête, il y décédera peu après son admission.
L’enlèvement de Guy Luck et le meurtre ayant été commis dans deux États différents, la Georgie et le Tennessee, les trois accusés ont été jugés par une cour fédérale. Poursuivis pour car-jacking, enlèvement et meurtre, Marchall et Matthew plaideront coupables et accepteront de collaborer avec les autorités judiciaires en témoignant contre Rejon Taylor. Ils échapperont ainsi à la peine de mort.
Le procès s’est déroulé à Chattanooga dans le Tennessee. Rejon Taylor a été condamné pour meurtre au premier degré à la peine capitale, sans que la date d’exécution ne soit fixée. Jack Matthew, qui avait également tiré sur Guy Luck dans le fourgon, est revenu sur ses accusations contre Rejon Taylor lors du procès. Il a été condamné à la prison à vie.
Le troisième accusé, Joey Marshall a confirmé ses déclarations devant le jury. Selon lui, au moment du meurtre, Matthews aurait félicité Taylor : « Vous êtes un soldat. Vous l’avez bousillé ». Joey Marshall s’est vu infliger dix ans d’emprisonnement.
Les avocats de Taylor ont toujours affirmé que les trois kidnappeurs, des noirs américains, n’ont jamais eu l’intention de tuer le restaurateur alsacien. Ils ont réclamé un nouveau procès, en suspectant le jury de motivation raciste.
Le rejet par le juge de la cour fédérale d’un nouveau procès ne signifie pas que Rejon Taylor sera prochainement exécuté. Le Tennessee, l’Indiana et la Géorgie, font partie des 38 États américains qui pratiquent la peine de mort. Dans le Tennessee, les détenus condamnés après le 1 er janvier 2009 peuvent choisir entre l’injection létale ou la chaise électrique.
DNA