On les croyait tombés dans les oubliettes de l’histoire, balayés par la grande vague électro qui semblait s’être imposée à tous les adolescents depuis les années 90. On se trompait : à l’orée du troisième millénaire, les skinheads ont refait surface.
C’est ce qu’affirme le romancier anglais John King qui, après les hooligans (Football factory) et les punks (Human punk), poursuit son exploration de la classe ouvrière britannique dans un roman coup de poing tout simplement baptisé Skinheads.
Le cheveu passé à la tondeuse, les pieds chaussés de Doc Martens coquées et la tête farcie de slogans nationalistes, les «skins» sont à nouveau prêts à en découdre contre «les Pakis, les Métèques et les Bougnoules» et, d’une manière générale, «tous ces assistés qui pompent les allocs et les impôts des travailleurs».
A travers trois générations de skinheads, John King dresse un portrait au vitriol d’une classe populaire ravagée par le chômage, terrifiée par la concurrence des travailleurs immigrés, obnubilée par «l’establishment qui méprise le blanc de base » et persuadée que l’Union Européenne a pour ambition de « détruire les valeurs de l’Union Jack». Trempant sa plume dans la Guinness éventée et dynamitant la syntaxe, John King signe un grand roman naturaliste qui décortique les raisons sociales de la montée de l’extrême droite en Europe – sans jamais chercher à la justifier. (…)
Marianne 2