Anlayse de Michèle Tribalat, démographe, spécialisée dans le domaine de l’immigration, su la notion de «mixité sociale» dans les banlieues.
On ne peut forcer les gens à voisiner avec ceux dont ils réprouvent les modes de vie. D’autant que la pression et les exigences qui s’expriment côté musulman dans une société prêchant la tolérance et l’ouverture aux autres ont toutes les chances de finir par s’imposer là où ils forment une minorité conséquente.
Selon le sociologue Renaud Epstein, «la mixité sociale n’existe pas» et quand on parle de la rétablir dans les quartiers, «c’est de mixité ethnoraciale qu’il est avant tout question». Partagez-vous ce point de vue ?
On parle aujourd’hui de mixité sociale comme d’un paradis perdu, paradis qui n’a pourtant jamais vraiment existé. Le terme mixité sociale est devenu la manière politiquement correcte d’évoquer la mixité ethnique. Prenons l’exemple de la Seine-Saint-Denis : ce département n’a pas connu de grand bouleversement social alors que sa composition ethnique , elle, a considérablement changé : 19 % des moins de 18 ans étaient d’origine étrangère en 1968, ils étaient 57 % en 2005 et probablement encore plus aujourd’hui. […]
On veut le beurre et l’argent du beurre : la mixité inter-ethnique harmonieuse sans l’assimilation, la diversité sans les conflits identitaires, la valorisation des identités particulières et un fonctionnement aveugle aux différences. En abandonnant, de fait, l’assimilation, la France s’avance vers un autre modèle encore mal défini, sans en percevoir les conséquences. Si l’on renonce à l’assimilation, ce qui est déjà fait, il faut consentir à une ethnicisation des territoires. […]
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