Les Chinois ne s’embarrasent guère de sentiments dans leur conquête des marchés africains.
En 1960, la Chine de Mao ne perdait pas une occasion de dénoncer le « colonialisme occidental » et de le combattre, y compris par les armes.
Cinquante ans plus tard, les mêmes Chinois se montrent à peine agacés quand la secrétaire d’État américaine les accuse de coloniser l’Afrique.
Une spécialiste des relations sino-africaines, analyse ainsi cette polémique : « Pour ce qui est des critiques de « néo-colonialisme » de la part de l’Occident, n’oublions pas qu’ils furent eux-mêmes autrefois les colonisateurs de ce continent. La situation économique de l’Europe n’est guère optimiste, leur état d’esprit en est quelque peu perturbé… »
L’analyse est cruelle, mais ne manque pas de lucidité. La critique interpelle quand même les Chinois qui ne perdent aucune occasion de se justifier.
Leur ambassadeur à Alger assurait voici quelques mois que son « pays n’ira jamais sur la voie colonialiste ». Selon lui, la Chine défend l’idée d’un nouvel ordre mondial.
Les concurrents ne sont guère convaincus par ces explications. Ils font également remarquer que la diplomatie comme les entreprises chinoises ne s’embarrassent pas trop de concepts comme celui des droits de l’homme. Les Chinois courtisent notamment le Soudan, un État régulièrement mis en accusation pour ses excès.
Quant aux discours de Pékin sur la protection de l’environnement, ils laissent sceptiques. Dans ce domaine, la politique intérieure chinoise est à l’inverse de ce qu’elle prône en Afrique. (…)