Nous avons vu la même chose se reproduire encore et encore tout au long de cette dernière décennie aux États-Unis. Un état d’urgence est déclaré, et toute une région qui tombe sous l’emprise de la panique pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
Après l’ouragan Katrina, la loi et l’ordre social semblaient avoir été complètement oubliés. Les fortes chutes de neige de 2011 sur la côte Est ont poussé les habitants de la région à dévaliser les rayons des magasins en seulement quelques heures. Les pannes de courant étant survenues au cours de l’ouragan Ike ont privé certains habitants de Houston (Texas) d’électricité pour une durée allant jusqu’à quatre semaines.
Au cours de ces trois évènements climatiques majeurs, il était quasiment impossible de mettre la main sur de l’essence, et ce que les gens avaient de disponible dans leur placard représentait toute la nourriture qu’il leur resterait jusqu’à ce que la situation redevienne normale. Les gens n’avaient plus accès à l’eau potable, et malgré cela, la première intervention du gouvernement fut de rétablir en premier lieu les services qu’il jugeait essentiels.
Le fin mot de l’histoire, comme l’indique Jesselyn Radack, membre du Government Accountability Project, est que malgré les milliards de dollars ayant été dépensés par le département de la sécurité intérieure et le département de la justice, les Embats-Unis ne sont pas plus préparés aujourd’hui qu’ils ne l’étaient avant les attaques du 11 septembre.
Après qu’un court, mais anormalement puissant, orage se soit abattu sur la région de Washington DC dans la nuit de vendredi, les scènes de rues de la ville de Washington ont pris des airs apocalyptiques.
Trois jours plus tard, les feux de signalisation sont toujours en panne, des centaines de milliers de résidents n’ont toujours pas d’électricité (dont moi), les magasins sont fermés, et le gouvernement encourage les employés à travailler depuis chez eux.
[Meilleur conseil jamais donné : travaillez depuis chez vous, quand votre électricité est coupée…]
Les États-Unis ont-ils été victimes d’une attaque terroriste ? Non. Dix ans après les attentats du 11 septembre, ils ne sont toujours pas disposés à gérer une catastrophe – et ce malgré le fait que des milliards voire des trillions de dollars aient depuis été dépensés en ce sens. La capitale des États-Unis, cible principale des attaques terroristes, ne peut pas faire face à un simple orage.
J’ai reçu un message de PEPCO m’indiquant que de nombreux résidents de la région de Washington pourraient ne pas avoir accès à l’électricité jusqu’à vendredi 11 heures du matin – une semaine après que l’orage se soit abattu sur la ville ! Les températures étant cette semaine supposées atteindre plus de 90°F, certaines personnes pourraient grandement souffrir du non-fonctionnement de leur réfrigérateur ou air conditionné…
Il y a deux ans, le Washington Post faisait l’étude des milliards de dollars ayant été dépensés dans la ‘sécurité nationale’. De nombreuses infrastructures auraient fleuri dans les rues de Washington, mais aucune d’entre elles n’aurait été spécialement destinée au maintien du bon fonctionnement de la ville en cas de situation d’urgence.
Je ne suis pas le seul contribuable de Washington à me demander où sont partis tous ces milliards de dollars destinés à la protection des infrastructures et à la sécurité nationale… Pourquoi notre gouvernement ne commence-t-il pas par enterrer nos lignes électriques ?
La capacité de Washington à gérer une situation d’urgence n’a en rien changé, mais les poches des contribuables ont été purgées à plusieurs reprises afin de financer la création d’une ville secrète de ‘sécurité nationale’ dans le nord de la Virginie. S’assurer que les citoyens aient accès à l’électricité et à des réserves de nourriture en temps de crise devrait être la priorité de notre gouvernement, et non une mesure de sécurité secondaire et ridicule telle que retirer ses chaussures en montant dans un avion.
Voici donc une nouvelle preuve que non seulement notre gouvernement n’est pas en mesure de gérer une situation d’urgence d’ampleur restreinte, mais que les habitants des États-Unis n’ont aucune idée du fait que lorsque les choses finiront par mal tourner, plus personne ne sera là pour les aider.
Lorsque la ville de Houston passait à deux doigts d’être emportée par l’ouragan Ike en 2008, tous les habitants de la ville ont été sous le choc. Des millions de personnes ont tenté d’évacuer la région, encombrant les routes jusqu’à ne plus pouvoir avancer. 90% des habitants de la ville furent privés d’électricité, et certains d’entre eux n’y eurent pas accès pendant près d’un mois.
Il est inutile de dire que les communautés de la ville vivaient dans la plus grande frustration. Lorsqu’il n’y eut plus aucun pétrole disponible, que les générateurs électriques tombèrent en panne, et que les températures estivales affichaient plus de 100°F sur les thermomètres, la situation devint pour beaucoup insoutenable.
Le site internet de FEMA lui-même demande aux Américains de s’assurer de… une semaine – ce qu’ils auront de disponible dans leur cuisine lorsqu’une catastrophe s’abattra sur eux sera tout ce dont ils disposeront jusqu’à ce que la situation soit rétablie.
Même après que ce type de recommandation ait été fait par la société responsable de la gestion des situations d’urgence dans notre pays, personne ne s’est assuré d’avoir assez de nourriture de réserve à l’arrivée de l’ouragan Ike – pas même ceux ayant auparavant déjà fait l’expérience d’ouragans et sachant parfaitement à quoi s’attendre.
Au vu des nombreux ouragans, tremblements de terre, feux de forêts, tempêtes de neige… frappant notre pays, il est presque incroyable de constater à quel point nous manquons d’organisation.
Imaginez un instant qu’un scénario similaire ne vienne toucher non seulement une ville, mais une région entière, ou encore les États-Unis dans leur ensemble. Imaginez que partout, les réseaux de distribution de nourriture soient coupés, que plus aucune goutte de pétrole soit disponible, que les responsables des services des eaux restent chez eux pour prendre soin de leurs familles, que les pillages se généralisent, que plus aucun moyen de communication ne soit à votre disposition, et que les magasin soient en rupture de stocks pendant plusieurs mois…
Une telle situation serait peut-être improbable, elle n’en est pas moins possible – et il n’en ressortirait rien de plus qu’un vacarme infernal, tout particulièrement pour ceux ne s’étant pas préparés.