Le Premier ministre Benjamin Netanyahu annoncera lundi (avant-hier) un train de mesures qui prévoit des hausses de taxes et des coupes dans les budgets ministériels. Le déficit public prévu à 2% du PIB devrait atteindre 4%, et Standard & Poors menace de dégrader la note de l’Etat hébreu.
« Il n’y a pas de repas gratuit. » Ce dicton américain revient sans cesse dans la bouche de Benjamin Netanyahu. Le Premier ministre israélien souhaite ainsi justifier les mesures d’austérité nécessaires pour financer les dépenses sociales et de sécurité. Un ton qui préfigure des temps difficiles pour les Israéliens habitués à entendre Benjamin Netanayahu se féliciter des succès d’une politique économique qui a permis à l’Etat hébreu de passer sans encombre la crise des subprimes en 2008 et celle actuelle de la zone euro, qui absorbe 40% des exportations israélienne.
Réveil brutal
« Nous avons échappé au sort des Grecs et des Espagnols », n’a cessé de répéter le Premier ministre. Les chiffres jusque là semblaient lui donner raison avec une croissance annuelle de plus de 4%, un chômage en baisse qui touche 7% de la population active et un secteur de la haute-technologie en plein boom. Autant de performances flatteuses qui donnaient à Israël l’impression de vivre dans une sorte de bulle de prospérité dans une mer d’incertitude. Le réveil est d’autant plus brutal.
Selon le médias, la potion amère, dont la composition doit être révélée lundi, prévoit notamment une hausse d’un point de la TVA, une augmentation de 2% des l’impôt sur les revenus des ménages gagnant plus de 200.000 euros par an, ainsi qu’un sérieux coup de pouce des taxes sur les cigarettes et l’alcool le tout accompagné de coupes dans les budgets ministériels de 140 millions d’euros.
Fort ralentissement de la croissance
Mais ces mesures ne constituent qu’un hors-d’oeuvre. Elles ne portent que sur l’année 2012 et visent à réduire un déficit budgétaire, qui ne se cesse de se creuser pour atteindre 4% du PIB alors qu’il était censé être limité 2%. Cette dégradation générale est due à un coup de frein sur la croissance ramené à 3,1% cette année contre 4,8% en 2011. Résultat : les recettes fiscales sont en chute libre alors que le gouvernement a augmenté ses dépenses pour financer des réformes promises à la suite du plus important mouvement de contestation sociale contre le vie chère qui a submergé le pays l’été dernier.
L’une de ces mesures porte sur la gratuité de l’enseignement dès l’âge de 3 ans et une baisse des impôts pour les parents célibataires. Le Trésor a également dû trouver quelque 200 millions d’euros pour la construction des 240 km de clôture électronique érigée le long de la frontière avec l’Egypte pour empêcher l’infiltration de milliers d’immigrés clandestins africains attirés par la prospérité de l’Etat hébreu.
Entorses au credo ultra-libéral
Le budget 2013 s’annonce lui aussi tout aussi difficile à boucler avec sans doute une nouvelle augmentation de la TVA et de l’impôt sur le revenu, alors que Benjamin Netanyahu se présente comme un fervent adepte de la baisse générale de la fiscalité. Grâce à ces entorses à son credo ultra-libéral, le Premier ministre espère convaincre les agences de notation internationale de ne pas abaisser la note d’Israël. La tâche ne s’annonce pas gagnée d’avance comme n’a pas manqué de le faire remarquer récemment une délégation de Standard & Poor’s en visite de travail en Israël.
Sur le front intérieur, les recettes proposées par Benjamin Netanyahu ne passeront pas non plus facilement. 2013 sera en effet une année électorale. Les législatives sont prévues en octobre, mais pourraient être avancées au printemps. L’approche de cette échéance poussent les partis ultra-nationalistes et religieux de la majorité à la surenchère dans les critiques contre les mesures « anti-sociales ».
De plus, le mouvement des « indignés », qui se veut le défenseur des défavorisés et des classes moyennes, pourrait de nouveau redescendre par centaines de milliers dans les rues si les Israéliens ont le sentiment que le fardeau de l’austérité n’est pas équitablement partagé.