C’est un départ en vacances médiatique pour le président de la République, François Hollande, qui a choisi de se rendre au fort de Brégançon, dans le Var, en train. Mais c’est aussi le choix d’un moyen de transport plus risqué que l’avion présidentiel. Philippe Durant, auteur de Haute protection. La protection des hautes personnalités de De Gaulle à Sarkozy (Nouveau Monde Éditions), revient sur les dangers qui peuvent peser sur un tel voyage.
LE FIGARO. – Comment s’effectue la sécurisation de la voie empruntée par le train utilisé par le président?
PHILIPPE DURANT. – L’un des plus gros dangers de ce type de voyage est que l’on sait à quelle heure il part, d’où il part, à quelle heure il va passer par tel endroit et à quelle heure il doit arriver. C’est donc assez facile de l’atteindre. Qui dit terre dit possibilité d’attaques de tous les côtés, à la différence des airs. Cependant, il fait ce voyage en connaissance de cause: son entourage est bien renseigné. Cela veut donc dire qu’il peut se le permettre. S’il y avait la moindre menace concrète, d’attentat ou autre, il prendrait l’avion. Mais, dans les faits, ça reste toujours très compliqué de protéger une voie ferrée. La protection maximale implique de protéger tout le trajet, c’est-à-dire les ponts mais aussi les gares traversées. Normalement, il est recommandé d’utiliser une rame ouvreuse (pour vérifier qu’il n’y a pas de problèmes ou d’explosifs sur la voie, NDLR). Mais il y a suffisamment de trains qui passent avant pour éviter ça. En réalité, ce sont ceux-là qui servent de trains ouvreurs. Et leurs passagers ne le savent pas forcément…
Une infrastructure particulière est-elle mise en place le long du trajet?
Le vrai souci dans un cas de figure comme celui-là, c’est s’il arrive un incident extérieur (comme un suicide sur la voie ou un voyageur malade, NDLR), même s’il ne vise pas le président lui-même. Il faut que celui-ci descende du train à toute vitesse pour prendre une voiture.
Je pense d’ailleurs que des voitures sont dispatchées le long du trajet et des hélicoptères sont prêts à décoller. Toutes les bases militaires le long du trajet, mais aussi les gendarmeries et les hôpitaux sont alertés. Cela fait partie de l’infrastructure mise en place lors de ce type de déplacement. Ce qui n’est pas le cas avec un voyage en avion.
Quelles sont les dispositions particulières prises dans le train?
Normalement, tout le train doit être réservé. Mais parfois ce n’est que le compartiment dans lequel se trouve le président et éventuellement les deux à côté. Bien évidemment, il y a une surveillance accrue dans le train. Si vous voyagez avec le président, vous êtes sûr de ne pas vous faire piquer votre portefeuille! Dans le cas où tout le train n’est pas réservé, la règle devrait être de fouiller les passagers. Mais François Hollande ne veut pas de ce genre de chose. Pour ce qui est des communications, c’est la même configuration que dans sa voiture, lorsqu’il est en déplacement. C’est du matériel de grande précision, à peine moins performant que celui que l’on peut trouver dans l’avion présidentiel.
Le départ et l’arrivée dans les gares sont-ils les moments les plus risqués?
C’est la chose qui affole le plus la protection rapprochée. La gare est un endroit surpeuplé, surtout en cette saison. L’équipe qui doit l’accompagner sera donc bien plus conséquente que sur une base aérienne.
Même si il n’y a pas de menaces concrètes, il reste le problème du fou. Il peut menacer verbalement le président mais aussi de manière… explosive. Avec un trajet en train, on est dans une optique de bain de foule permanent. Les risques sont immenses.
Le Figaro