D’un côté Mamed, déjà bien secoué par l’absorption massive de vodka. De l’autre, Ali Harbech, 28 ans, lui aussi grand buveur devant l’éternel. Les deux hommes se sont rencontrés l’après-midi, le long des berges du Doubs. Ils ont sympathisé. Le soir venu, Mamed propose de reconduire Ali à Valentigney. « Il conduisait comme un dingue », assure ce dernier. Alors, une fois arrivée à bon port, il décide de mettre les points sur les « i » et accessoirement sur le nez de son samaritain de conducteur. Une bagarre éclate.
Ali semble le plus percutant. Il fracture le nez de son opposant, lui déloge une dent de son logement et lui cause une multitude de blessures. À un moment donné, Mamed parvient à neutraliser son adversaire en se couchant sur lui et en lui maintenant les bras. C’est alors que ce dernier, impuissant, opte pour la stratégie chère à Tyson. Épilogue à la barre du tribunal, ce matin.
Le procureur Pascal parle de « sauvagerie » et explique que la scène s’est échelonnée sur une quinzaine de secondes. Le temps pour Ali de croquer et de secouer mécaniquement la tête pour bien sectionner un morceau du lob de l’esgourde droite. « Car la mâchoire humaine ne coupe pas aussi facilement une oreille », relève le procureur. Le sang gicle. La douleur est insoutenable pour la victime. Le président Troilo se dit halluciné par la violence des faits et fait remarquer au prévenu, au casier émaillé de 12 condamnations, « qu’on n’est pas dans la jungle ». La réponse fuse : « Quand on se bat, tous les coups ne sont peut-être pas permis mais bon… Quand on est pris, on essaie de se défaire comme on peut ». La fin (la faim ?) justifierait-elle les moyens ?
Pour avoir croqué l’oreille de son rival, Ali Harbech passera deux ans derrière les barreaux, à quoi s’ajoute la révocation d’un précédent sursis pour quatre mois de plus.
Est Républicain