Si des centaines de millions de musulmans observent scrupuleusement le jeûne du mois sacré de ramadan du lever au coucher du soleil, une minorité d’entre eux se cache pour boire, manger ou fumer pendant la journée. La pression de la communauté est importante et, dans certains pays, leur comportement est hors-la-loi. (…)
La pression familiale ou amicale est généralement suffisante pour encourager les contrevenants à se cacher. Amri, un responsable marketing de Kuala Lumpur en Malaisie, explique qu’il mange dans sa voiture pendant qu’il conduit et qu’il garde une bouteille d’eau au fond de son sac au bureau. S’il est athée, la loi et la société le considèrent comme musulman.
“Je suis sûr que certains de mes collègues ne jeûnent pas toujours, mais c’est quelque chose que personne ne veut admettre. A moitié par peur d’être attrapé (par les autorités), à moitié par peur d’être jugé négativement par les gens”, juge Amri.
“Je ne crois pas au jeûne”, déclare le propriétaire d’un supermarché palestino-américain de Los Angeles. Elevé près de Jérusalem dans une famille musulmane pieuse, il a perdu la foi après s’être installé aux Etats-Unis il y a des dizaines d’années.
Récemment, le quinquagénaire a été réprimandé par son fils Basil, 32 ans, alors qu’il mangeait innocemment un gâteau dans sa voiture près de Ramallah, en plein ramadan. “Basil me frappe la main. Il me dit: ‘Papa, papa, qu’est-ce que tu fais? Tu ne peux pas! Regarde à tous ces gens qui nous regardent!'”, raconte-t-il. “J’avais quelque chose dans la bouche. J’ai arrêté de mâcher à cause de la peur. Les gens étaient en train de me regarder”.
L’observance religieuse s’est accrue de façon importante depuis les années 1970 dans les régions musulmanes, alors que l’Islam politique s’affirmait et que les idéologies nationalistes et communistes disparaissaient.
Le poids nouveau pris par les partis politiques islamistes après le Printemps arabe devrait renforcer encore cette tendance, selon Chadi Hamid du think tank Brookings Doha Center.