Texte paru dans Le Point – Auteur : Sihem Souid
Un contrôle jugé musclé, des jeunes prêts à aller au conflit à la moindre occasion, une crise sociale hurlante… Voilà le cocktail explosif qui gangrène nos quartiers populaires. Le dernier débordement en date à Amiens a largement été médiatisé. Des établissements brûlés, des policiers blessés, des habitants tétanisés… Ce mal social s’est répandu comme une traînée de poudre. Ainsi, d’autres incidents ont secoué nos quartiers. La nuit du 17 au 18 août, à Neuilly-sur-Marne (93), des policiers en mission de sécurisation ont été pris à partie par une trentaine de jeunes. Insultes, jets de projectiles, deux policiers ont été légèrement blessés et cinq individus arrêtés.
Les policiers payés pour protéger la population, qui ont été purgés Sarkozy dans un souci d’économies, deviennent les boucs émissaires de ce malaise social.
Il n’est plus question de religion, de couleur de peau, comme voudraient le faire croire les militants zélés de la Droite populaire, il s’agit d’une détresse sociale qui porte un nom : la banlieue.
Lors de son déplacement, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a été hué : pour toutes les promesses des gouvernements précédents non tenues, pour ce mépris de classe qui est ressenti dans les quartiers, pour ces clichés véhiculés, pour cette seconde chance que l’on refuse obstinément de leur donner.
Plus qu’une envie d’en découdre, c’est un appel au secours que nous lancent les jeunes des quartiers populaires. Le mal des cités se propage dans l’indifférence quasi générale. Un quartier, puis deux…
Les forces de l’ordre n’ont pas à payer l’addition de l’inconséquence de la classe politique, chacun son job ! La classe politique entière trouve le chemin des quartiers lorsque les élections sont en jeu. Passé les périodes électorales, ces territoires ne semblent même plus appartenir à la République française. Les élus locaux y sont confrontés à des problèmes qu’ils ne peuvent résoudre seuls, les jeunes se cherchent et finissent par trouver la police. Amiens, Toulouse, puis Neuilly-sur-Marne, attendons-nous un embrasement total avant de réagir ?
(Merci à Meri13)