Face à la surpopulation carcérale, la garde des Sceaux veut développer le suivi social du délinquant en milieu ouvert.
Les 4 000 conseillers d’insertion et de probation en France, qui gèrent déjà chacun des dizaines de dossiers, n’y suffiront pas. Ils arrivent à peine à vérifier que tous les anciens détenus pointent au commissariat et remboursent les victimes. Au reste, où la justice trouvera-t-elle les crédits?
Pour rendre plus effective une recommandation du Conseil de l’Europe qui rappelait en 2006 que l’incarcération ne peut être que le dernier recours. Une «conférence de consensus» sur les questions de récidive a donc été convoquée pour le 18 septembre à Paris. L’idée est de mettre autour de la table des experts, des magistrats, des acteurs de terrain pour faire vivre ce projet généreux qui parie sur la réhabilitation du délinquant. Le concept de probation constitue la pierre angulaire de cette politique de suivi social pour la réinsertion. Avec une loi à la clé donc, sans doute pour 2013.
La ministre s’en est expliquée en juin dernier: «Les politiques pénales de ces cinq dernières années ont aggravé la récidive, prétend-t-elle. Notre but n’est pas tant de lutter contre la surpopulation en prison, parce que c’est la politique pénale qui régule la population carcérale, mais bien de lutter contre la récidive.» […]
Le rapport du député UMP Éric Ciotti, qui portait en germe les réformes de la droite si Nicolas Sarkozy avait été réélu, ne reposait pas sur le tout-carcéral. Des solutions plus douces y étaient envisagées, parmi lesquelles le développement des travaux d’intérêt général et des parcours de réinsertion. Mais, c’est bien la victime qui était placée au centre de la politique pénale.
La méthode Taubira se concentre davantage sur le délinquant. Après avoir émis des doutes sur les centres éducatifs fermés, dont le candidat Hollande promettait pourtant de doubler le nombre, la ministre de la Justice veut bouleverser le système en vidant les prisons, en aménageant les peines, en proposant un accompagnement à la carte pour les individus exposés à la récidive.
Le Figaro (Merci à Bourgmestre)