Maison de caractère face à la mer. À 30 mètres de la plage. Plein centre de Juan-les-Pins. 110 m2. Parking privatif. 1 300 € la semaine. » Quand Tania, originaire de la région parisienne est tombée sur cette annonce il y a quelques semaines, elle a tout de suite saisi son téléphone. C’était exactement ce qu’elle cherchait pour ses vacances. Un petit coin de paradis à Juan-les-Pins. Où elle allait pouvoir se reposer avec toute sa famille. Et faire un peu de farniente.
Seulement, ce que l’annonce avait oublié de préciser et que Tania n’aurait jamais pu imaginer, c’est que dans ce décor de carte postale où le mètre carré se négocie à plus de 10 000 euros, la maison voisine allait être occupée par un campement de Roms…
La misère au milieu des paillettes
Face à la grande bleue, sur le célèbre boulevard Charles-Guillaumont, se trouve un squat. Sans doute le mieux placé de France. La misère au milieu des paillettes. Dans les décombres de la villa La Perlotte, qui attend désespérément d’être démolie depuis quatre ans, s’entassent une quarantaine de personnes. Peut-être plus. À l’abri du regard des touristes, derrière les arbres de la propriété, les Roms ont créé un campement insalubre. Un village de bric et de broc. Sans eau. Ni électricité. Un village où courent les fils à linge. Où les enfants jouent avec des carcasses de vélos. Et où s’entassent les ordures, la crasse et le malheur. « Jamais, je n’aurais pu imaginer cela à Juan-les-Pins,s’insurge Tania. Ils vivent dans des conditions épouvantables.
Ils font énormément de bruit. On n’a pas pu se reposer un seul instant. Et puis il y a l’odeur. Insupportable. Elle traverse les murs le matin comme le soir. On a vécu un enfer. »
«Si ce n’est pas ici, ce sera ailleurs»
L’odeur en question, c’est celle des excréments… N’ayant pas de toilettes, les Roms font leurs besoins comme ils peuvent. Contre un mur. Celui de la maison louée 1 300 euros la semaine par Tania et sa famille !
« Nous avons conscience de gêner, se défend Lucien, représentant de la communauté. Mais que voulez-vous que l’on fasse ? On a demandé des toilettes sèches, on ne nous en a pas données. On a demandé des poubelles, on a subi le même refus. Il ne faut pas croire que c’est notre rêve de vivre ici. Nous aussi, nous aimerions travailler, avoir un toit, de l’électricité. Mais personne ne veut de nous. Toutes nos demandes de travail sont rejetées. Alors, on s’installe comme on peut. Si ce n’est pas ici, ce sera ailleurs. Même dans la misère, on est mieux en France qu’en Roumanie. Au moins ici, la société est juste avec nous. Il y a des droits et nous sommes en sécurité. »
Nice Matin