Un Ciotaden* multirécidiviste s’attaquait aux personnes âgées.
« On vous reproche trois vols par ruse et une tentative. » Dans le box, une jeune ciotaden de 25 ans, multirécidiviste de l’escroquerie à la carte bancaire que les clichés produits par les caméras de vidéo-surveillance des guichets ont formellement identifié. Il était sorti de prison en février 2012. Seize mois d’accalmie avant de s’y recoller ou à tout le moins de se faire reprendre.
« Mon compte était dans le rouge »
Ses proies, les seniors, ce qui ajoute la vulnérabilité des victimes comme circonstance aggravante sinon infamante à son palmarès. Il encourt jusqu’à dix ans d’emprisonnement. « Je travaillais, tout allait bien, j’avais une vie agréable. On avait qu’un seul salaire. Mon compte était dans le rouge, je regrette, c’était pas la bonne solution…. », se flagelle le perdreau au look gentillet même s’il prenait soin de toujours porter une casquette lors de ses passages à l’acte. « Cela fait des années que vous avez choisi cette solution ! Nous en sommes aujourd’hui a minima à la dixième condamnation ! », tacle la juge qui semble vouloir aussi édifier le public dans la salle. Le prévenu vit chez sa concubine. Il était maçon avant de faire ripeur en intérim. Il dit gagner jusqu’à 1.600 euros par mois. « C’est plutôt pas mal. Vous n’aviez aucune raison et encore moins que les autres de commettre ces délits. Si tous les couples sans enfant qui vivent avec un seul salaire se mettaient à voler au distributeur ?!
Et puis vos victimes vous les choisissez. Pas une n’a moins de 70 ans ! »
D’ailleurs Odette, 85 ans, trottine toute voûtée vers la barre, soutenue par sa fille. Elle vrille en passant du regard son agresseur qui baisse les yeux. La banque l’a remboursée de tous les retraits qu’il a faits. « Je voudrais qu’il reste toute sa vie en prison ! », lance-t-elle en repartant.
« Moi aussi j’aimerais mais ce n’est pas possible. Je me fous de vos regrets auxquels je ne crois d’ailleurs pas. Qu’est-ce qui se passe selon vous dans la tête de cette dame après ?! », fulmine le procureur. Long silence du prévenu. « Elle doit être choquée la pauvre… » Pour en rajouter, Samir s’est fait la belle pendant la perquisition. « Et quelle discrète évasion ! Il a pris la fuite dans la rue, pieds nus avec les menottes dans le dos, en pantalon jaune fluo, c’est dire à quel point ce fut difficile de vous retrouver ! » – « J’avais peur que ma famille ne s’en sorte plus sans moi… », tente l’oiseau.
« S’il faut éradiquer
le jeune barbare que vous êtes »
Une mélodie inaudible du ministère public. « Vous ciblez des victimes qui ne sont pas susceptibles de réagir.
Les rues de nos villes sont devenues quelque chose à mi-chemin entre un monde primitif où il est difficile de s’aventurer et une jungle que les juges ont la prétention de vouloir réguler dans l’idée un peu folle qu’une dame de 85 ans puisse aller retirer de l’argent sans être la proie d’un jeune barbare.
S’il faut éradiquer le jeune barbare que vous êtes, le choix en vaut la peine… » De requérir cinq ans de prison dont un avec sursis. « Sacrifice, éradication, prison à vie. Ces termes sont excessifs. N’ayez pas la main si lourde ! », plaidait Me Fabrice Giletta dont l’exception de nullité plaidée a justifié la mise en délibéré du jugement au 31 août.
* relatif à la ville ou aux habitants de La Ciotat (Bouches-du-Rhône).
La Marseillaise