Ces dernières semaines, les alévis de Turquie, qui comptent entre 15 et 20 millions de membres, sont victimes de brimades de la part des autorités.
Même phénomène pour les personnes faisant profession d’athéisme.
Qui sont les alévis ?
Les alévis sont souvent qualifiés de « progressistes » de l’islam. Courant hétérodoxe de l’islam, la confession alévie se base sur certains éléments chiites – adoration d’Ali et des douze imams – mais aussi sur des éléments chamanistes et mystiques. Ils ne pratiquent pas les cinq prières quotidiennes, ne se rendent pas à la mosquée mais dans des cemevi, ne font pas le pèlerinage à la Mecque ni le Ramadan. Ces dérogations aux « cinq piliers » poussent certains, parmi les alévis eux-mêmes, à douter de leur affiliation à l’islam.
Quels sont les récents revers qu’ils ont affrontés ?
En juillet, la Cour de cassation turque a décrété que les cemevis n’étaient pas des lieux de culte. Seules les mosquées bénéficient du soutien financier de l’État tandis que les cemevis restent à la charge de leurs membres. Quelques semaines plus tôt, le Parlement turc avait refusé de construire un tel lieu de culte en son sein.
C’est dans ce contexte qu’en juillet une famille alévie a évité de justesse à un lynchage dans la ville anatolienne de Malatya. Elle s’était plainte du passage dans son quartier d’un joueur de tambour qui, aux aurores, réveillait les sunnites lors du mois de Ramadan. Quelques jours plus tard, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, un fervent musulman sunnite, a lui même choqué en qualifiant de « monstruosité » l’une des cemevis stambouliotes.
À cela s’ajoute une autre décision de justice défavorable aux alévis. Un tribunal a refusé à une famille le droit d’obtenir une dispense pour les cours de religion obligatoire au collège. Critiqués pour la part prépondérante accordée à l’islam sunnite, ces cours ont valu en 2007 à la Turquie une condamnation de la part de la Cour européenne des droits de l’homme. Si, depuis, leur contenu a légèrement été modifié, les diverses associations alévis craignent la poursuite de la politique d’assimilation avec l’introduction d’un nouveau cours consacré à la vie du prophète de l’islam Mohammed, et facultatif… sur le papier. (…)
La Croix