Elyes, 21 ans, avait été interpellé le 31 juillet à 14 heures aux Cèdres, une cité voisine, à l’issue d’une course poursuite avec les policiers de la brigade anti-criminalité qui venaient de le surprendre en pleine transaction de shit sur un point de deal au pied du bâtiment E de la cité des Lauriers.
Dans sa fuite, le jeune homme à scooter, archi-connu des services de police et de la justice, s’était débarrassé de sa sacoche qui contenait un revolver Smith & Wesson de calibre 357 magnum approvisionné de six cartouches. L’arme passée au fichier de la police scientifique n’a jamais été utilisée.
« 37 mentions sur votre casier
judiciaire à 21 ans ! »
« J’étais censé la garder pour des gars qui quittaient la cité. J’ai rien à voir avec ce qui s’était passé avant. Je venais de l’avoir le jour même. En temps normal, je l’aurais pas prise. On me l’a proposée, je l’ai prise et c’est tout », a expliqué le jeune homme aux airs d’Anthony Delon. Il a été entendu comme témoin par la brigade criminelle dans l’enquête sur la mort de son ami, à laquelle il a assisté le 29 juillet.
La victime, âgée de 25 ans, avait été poursuivie par une camionnette, au pied de son immeuble, avant d’être fauchée par une rafale de Kalachnikov. Le fourgon incendié avait été retrouvé en fin d’après-midi par la police avec une arme automatique à l’intérieur. Selon la police, la victime avait été interpellée à 17 reprises notamment pour trafic de stupéfiants et il aurait été en relation avec les frères Bengler, des figures du néo-banditisme marseillais mises en examen pour le meurtre d’un adolescent en 2010.
« Vous croyez que c’est normal de se promener armé ? Marseille, c’est encore en France. Vous avez 37 mentions sur votre casier judiciaire à 21 ans ! Je n’ai jamais vu ça dans ma carrière, vous battez les records ! »
s’est exclamée la présidente Sandrine Ladegaillerie. Le prévenu n’a jamais travaillé et a abandonné sa formation de menuisier. Il vit chez ses parents à For-sur-Mer et fume 4 à 5 joints par jour. « C’est une arme bien particulière dans un contexte bien particulier. On peut supposer qu’il a sa part dans ce milieu et cette criminalité », a estimé la représentante du ministère public qui a requis un an d’emprisonnement ferme.
« Dans cette féodalité moderne,
on trouve des gens comme lui »
« 37 mentions au casier et je ne trouve personne pour s’indigner », se lançait en défense Me Fabrice Trolliet. « C’est la faute à personne, c’est la faute à tout le monde. Ce constat d’échec sur le traitement des dérives de ce gamin pose tout de même la question du fonctionnement de l’institution judiciaire. Nous n’avons aucun poids sur la récidive. Toujours les mêmes causes qui produisent les mêmes effets.
A un quart d’heure d’ici, vous avez des quartiers qui ne sont plus la République avec des écoles fermées par des grillages. C’est l’usine à shit là-bas qui tourne aux trois-huit et dans cette féodalité moderne, on trouve des gens comme lui. On n’est pas au Far-West mais on fait tout pour y aller à grands pas.
Ce n’est pas la chose la plus équitable que de lui en faire porter la responsabilité. » Pour le dissocier de la grande criminalité, il tenait à souligner que dans la sacoche, Elyes avait laissé son passeport tel le petit poucet…
A l’issue du délibéré, le jeune homme était condamné à 1 an de prison ferme.
La Marseillaise