Article du quotidien La Croix sur les «manifestations de rejet de l’autre» qui se «fondent moins sur des critères biologiques que sur des aspects culturels et religieux».
Une étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined) publiée en avril dernier montrait que 18 % de la population dite «majoritaire» aurait déjà été la cible d’insultes, de propos ou d’attitudes racistes.
Le racisme exprime davantage une peur de voir son identité remise en question par d’autres. Pour œuvrer contre ce phénomène, beaucoup misent sur le milieu scolaire, où se manifestent, dès le plus jeune âge, des violences à caractère raciste.
«Plutôt que sous la forme d’une idéologie, le racisme émerge bien davantage dans les milieux fragilisés comme une réaction aux expériences de la vie quotidienne : des différences dans les habitudes alimentaires ou des coutumes, peuvent aboutir à un rejet brutal d’autres catégories de personnes jugées comme incompatibles et en particulier des musulmans», observe Alain Mergier, sociologue et directeur du cabinet d’étude Wei. […]
«Tout le paradoxe de la France est d’être multiculturelle sans être pour autant multiculturaliste, mais intégrationniste», analyse l’historien Pascal Blanchard, pour qui le pays n’a jamais vraiment soldé son passé de puissance coloniale. […]
«Il y a cette tendance, quel que soit le sentiment d’appartenance, à chercher dans son groupe la stratégie identitaire la plus favorable, de manière à ressortir gagnant de la comparaison», observe Philippe Castel, chercheur en psychologie sociale à l’université de Bourgogne.
«Par exemple, une personne de statut social modeste pourra reprendre le dessus en affichant la “supériorité” de ses valeurs cultuelles ou religieuses», poursuit-il. Pour lutter contre cette mécanique pouvant conduire à des surenchères, le chercheur prône des actions éducatives dès le plus jeune âge. […]
La Croix