«Je vais pas raconter des bobards pour m’en sortir», se défend Hakim Raddadi, 24 ans. Il n’empêche. Malgré ses grandes déclarations de sincérité. Malgré ses lunettes stylées et sa mise soignée. Malgré sa mine grave de jeune garçon sérieux à la barre du tribunal correctionnel de Nancy. Malgré tout cela. Difficile d’avaler les explication de ce jeune homme de Malzéville.
Il a comparu hier pour un accident mortel qui remonte au 10 novembre 2008. Ce jour là ou plutôt cette nuit là, il a emprunté la voiture de son frère et bien qu’il n’ait pas le permis, il l’a utilisée pour ramener des copains. Mais il a perdu le contrôle du véhicule à Lay-Saint-Christophe, une commune de la banlieue de Nancy. Son véhicule est sorti de la route.
L’un de ses quatre passagers, Chloé Brice, a été éjecté. Elle est morte sur le coup. Elle avait 19 ans.
Voilà les faits dans toute leur sécheresse tragique. Reste une question : pourquoi le conducteur a-t-il perdu le contrôle ? Là, tout devient vaseux. Le jeune homme prétend avoir été gêné par une Clio blanche qui n’aurait pas marqué l’arrêt à un stop.
Problème.
Quatre automobilistes qui étaient sur les lieux de l’accident sont formels. Il n’ont jamais vu de Clio blanche. En revanche, ils ont bien vu la voiture du prévenu. Et ils sont tout aussi formels : elle roulait très vite.
«Ce sont des témoignages objectifs et concordants», insiste la présidente, Catherine Hologne. Cela n’empêche pas le jeune automobiliste de nier. Tant sur la présence de la voiture que sur la vitesse.
Pourtant, sur ce dernier point, une expertise est venu confirmer l’impression des témoins. Sa voiture circulait à 130 km/h et pas à 90, comme il le soutient.
Cela ne fait pas fléchir le conducteur. Il est tout aussi têtu sur le fait qu’il était sous l’emprise de cannabis. Il jure qu’il n’avait pas fumé de joints depuis trois jours. Qu’il n’était donc pas dans les vapes au moment de la sortie de route mortelle.
Là encore une expertise démontre le contraire. «Votre version est impossible monsieur !» s’énerve la président Hologne.
Mais elle tombe sur un mur. Le prévenu reste sur sa position. Au premier rang de la salle d’audience, la famille de la victime a bien du mal à se contenir. Les parents et la soeur aînés de la jeune fille décédée sont partagés entre colère et larmes de tristesse.
Vosges Matin