Dix ans après «La France qui tombe», qui analysait les raisons du déclin français, l’économiste libéral Nicolas Baverez lance un nouvel avertissement dans son dernier ouvrage «Réveillez-vous !». Extraits sur la question de l’immigration.
La conjonction d’une immigration de travailleurs non qualifiés, du chômage permanent qui, en France, préexiste au choc de 2008, de l’enrayement des politiques d’intégration et de l’exacerbation du fondamentalisme islamique alimente une dynamique de peur et de haine dangereuse pour la démocratie. Avec pour première conséquence la montée en puissance des mouvements populistes et xénophobes
La France se trouve confrontée avec l’intégration de ses 5,2 millions d’immigrés à un défi historique d’une ampleur comparable à celui que fut pour l’Allemagne sa réunification. Faute de s’être adaptée à la nouvelle donne du XXIe siècle, la nation française a éclaté en cumulant les fractures entre les statuts économiques et sociaux, les générations, mais aussi les ethnies et les races. La balkanisation de la société se traduit par la segmentation du territoire. L’Hexagone n’est plus divisé comme dans les années 1960 entre Paris et le désert de la province mais juxtapose des pôles de richesse ouverts sur la mondialisation et des zones d’exclusion : 750 ghettos urbains concentrent ainsi 2,5 millions de personnes vivant des transferts sociaux aux marges de la société comme de l’Etat de droit. […]
D’où l’urgence d’une ligne claire pour les politiques de l’immigration et de l’intégration, tant à l’échelon européen qu’à l’échelon national. Sur le plan européen, il est essentiel d’uniformiser les règles pour éviter les biais entre les législations nationales et de promouvoir une politique de codéveloppement avec les pays d’émigration qui sont aussi des gisements de croissance. Sur le plan national, plusieurs principes devraient être affirmés. Tout d’abord le respect intransigeant des libertés publiques et des droits civils, à travers la sanction des discriminations envers les immigrés ou leurs descendants comme des violences qui s’abritent derrière la religion ou les traditions culturelles (mariages forcés, polygamie, excision…).
Ensuite, le recours ciblé et provisoire aux mesures de discrimination positive, notamment dans le domaine scolaire et universitaire pour accélérer l’intégration et témoigner de sa réussite. Enfin, le retour de l’activité marchande et du travail dans les banlieues, ce qui passe par des incitations puissantes à la création de petites voire de microentreprises et par la réouverture du marché du travail peu qualifié. Au total, plutôt que de prétendre incarner la conscience universelle en légiférant sur l’histoire des autres pays, la classe politique française serait mieux inspirée de travailler en priorité à la réunification de la nation française, aujourd’hui au seuil de la guerre civile. […]
Le Figaro (Merci à Docteur Bazooka )