Frappée et séquestrée par ses deux frères et ses parents pour avoir flirté avec un homme sur internet, une jeune femme a pris lundi la défense de sa famille devant le tribunal, jugeant “normale” sa “correction”, justifiée selon elle par les valeurs de l’islam. Agée de 16 ans au moment des faits, la jeune femme, vêtue d’un hijab bleu ne laissant apparaître que l’ovale de son visage, n’a pas souhaité se porter partie civile dans l’affaire. “Ce n’était pas intentionnel de leur part” a-t-elle dit. “Ils ont voulu me protéger.”
Une lecture des faits que n’a pas adoptée le tribunal correctionnel, qui a condamné à quatre et cinq ans de prison, dont trois avec sursis, les frères de la victime, à deux ans dont un ferme le père de la jeune fille, et à un an avec sursis la mère. Les deux frères, âgés de 31 et 34 ans, comparaissaient pour “violences aggravées ayant entraîné une mutilation” accusés d’avoir roué de coups leur soeur cadette au domicile familial, la blessant gravement à l’oeil. Les parents, de nationalité marocaine, étaient poursuivis pour “non empêchement de crime” et “séquestration.” Il leur était reproché d’avoir empêché l’adolescente de sortir, après les faits, de peur qu’elle n’aille dénoncer ce qui s’était passé.
Interrogés lundi par le tribunal, les frères et les parents ont dit regretter les faits. Ils ont attribué leurs actes à l’attitude de la jeune fille, découverte en train de tchatter avec un homme de 31 ans sur internet. “On ne voulait pas la blesser” mais elle était “rebelle” a dit l’un des frères.
S’efforçant de dédouaner sa famille, la jeune femme, qui souffre d’une infirmité permanente à l’oeil droit, a jugé “justifiée” la “correction” . “C’était un copain que je n’avais pas présenté” a-t-elle dit, mettant en cause l’action de la justice, à l’origine d’un “désastre familial.” Une accusation qui a été accueillie avec consternation par la présidente du tribunal. “Vous pensez que la justice n’a pas à intervenir dans ce genre d’affaire ? (…) Vous croyez que quand une jeune fille discute avec un homme sur internet, ses frères ont le droit de la tabasser ?” a-t-elle demandé. “Oui” a répondu le jeune femme, aujourd’hui âgée de 19 ans.
Jugeant “déconcertantes” ces déclarations, le représentant du ministère public, Henri Génin, avait réclamé contre les prévenus des peines allant de deux ans d’emprisonnement, dont six mois fermes, à six ans de prison, dont trois avec sursis, disant regretter le “conditionnement psychologique” de la victime. “Il ne s’agit pas de stigmatiser une culture, une religion” a dit M. Génin. “Mais il faut rappeler aux prévenus que la loi de la République s’applique à tous, y compris dans les sphères familiales les plus intimes” a-t-il ajouté.
TF1 News
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